La Ballade des baladeurs (1904)

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La Ballade des baladeurs
Pour Egy-Pan.

Où s'en vont donc ces corps moulus
Ces dépourvus et ces nomades
Vers les coteaux et vers les rades ?
Mangeant mal au long des talus,
Cherchent-ils quelques superflus
Sous les ponts et les estacades ?
Non pas, ils font sous les deux fades
Une balade et rien de plus.

Et ceux-là, ceux qui, tout perclus,
Tournent en rond, bons camarades,
Sous les verrous, en enfilade !
Montent-ils, éternels reclus,
Vers les demeures des élus ?
Rêverais-tu, comme un malade
Cette sinistre mascarade ?
C'est leur balade, et rien de plus.

Regarde ces casques poilus,
Ces soldats dévorant les stades,
Ou s'en allant en cavalcades
Vers des combats qu'ils n'ont voulu,
Pétrir pour les corbeaux goulus
Corps et cerveaux en marmelade.
Sonnez, clairons, pour la parade
Ou la balade, et rien de plus.

ENVOI

Baladeurs maigres ou joufflus
Qui passez à la cantonade
Pour vous j'ai fait sur la balade
Cette Ballade et rien de plus.


Gabriel Surgère


La Jeune Champagne, janvier 1904.

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