Pour faire connaissance avec Luigi Di Ruscio

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Habituellement peu sensible à la communication d'éditeur (1), le Préfet maritime est tombé en arrêt sur une annonce de la maison Anacharsis qui mettait en évidence ce livre, La Neige noire d'Oslo, d'une prolétaire italien inconnu de ses services mais fort alléchant.
Son titre, ce qui était dit de l'auteur (1930-2011) au parcours original et les fragments découverts sur le site de l'éditeur l'ont poussé à souligner pour vous cette publication sans doute remarquable.
Alors que se déclenche l'avalanche de nouveautés argentines - on y trouvera du très bon, comme toujours -, il est bon de consacrer quelque mot à ce drôle de numéro italien au tempérament peu commun.

Dans La neige noire d’Oslo, Luigi Di Ruscio relate son quotidien de métallo, sa condition de poète et d’émigré en Norvège. Vie privée et histoire collective se télescopent portées par un récit torrentiel qui semble ne jamais vouloir s’arrêter. Il assume totalement ses marginalités, avec une obsession : écrire comme il l’entend et témoigner pour tous ceux dont justement la littérature ne se soucie pas (et qui ne se soucient pas d’elle). Il est intarissable en imprécations contre le Dieu clérical qui a colonisé son enfance et sa jeunesse, le blasphème est pour lui un formidable terrain de jeu. Il évoque les espérances et les déceptions qu’a suscitées le communisme, dont l’héritage serait davantage une lutte toujours recommencée que l’espoir d’un nouveau système définitif : « arrêtez de faire les fétichistes, il faut refaire un essai, reprendre le labeur de Sisyphe au point le plus bas, à chaque poussée nous verrons mieux la cime des nouveaux précipices. Notre valeur se mesure à la puissance de l’opposition ». Ce que l’on retient du livre est l’histoire du combat acharné d’un homme pour sa dignité et celle de tous les autres ainsi que les manifestations « d’une joie furibonde » qui lui vient sans doute de l’incroyable cohérence entre sa vie et son œuvre.

Luigi Di Ruscio est né à Fermo dans les Marches en 1930. Issu d’une famille du sous-prolétariat, sa scolarité s’arrêtera au certificat d’étude. A Fermo, il milite pour le PCI, fait la plonge dans les restaurants et publie à 23 ans son premier recueil de poésie qui sera préfacé et défendu par le poète et critique littéraire Franco Fortini. En 1957 il émigre à Oslo où il trouvera un emploi dans une usine sidérurgique. Il rencontre Mary Standberg, dont il aura quatre enfants, et travaillera dans la même usine pendant près de quarante ans, tout en écrivant dix recueils de poésie et cinq ouvrages en prose. Il est mort en 2013, à Oslo, à l’âge de 81 ans.



Luigi Di Ruscio La Neige noire d'Oslo. Traduit de l'italien par Muriel Morelli. Préface d'Angelo Ferracuti. - Anacharsis, 176 pages, 18 €



Bibliographie
Non possiamo abituarci a morire. Prefazione Franco Fortini, Schwarz, Milano, 1953.
Le streghe s’arrotano le dentiere. Prefazione Salvatore Quasimodo, Marotta, Napoli, 1966.
Apprendistati, Bagaloni, Ancona, 1978.
Istruzioni per l’uso della repressione. Presentazione di Giancarlo Majorino, Savelli, 1980.
Epigramma, Valore d’uso edizioni, Roma, 1982.
Palmiro, presentazione Antonio Porta, lavoro editoriale, Ancona, 1986
Palmiro, seconda edizione 1990
Enunciati, a cura di Eugenio De Signoribus, Stamperia dell’arancio, Grottammare, 1993
Palmiro, terza edizione, Baldini & Castoldi. 1996
Firmum, peQuod, Ancona 1999
L’ultima raccolta, prefazione Francesco Leonetti, Manni, Lecce 2002
Epigrafi, Grafiche Fioroni, Casette D’Ete, 2003
Le mitologie di Mary, Postfazione: Mary B. Tolusso, Lietocolle, 2004
15 epigrafi con dedica, Battello Stampatore, Trieste 2007
Poesie Operaie (raccolta antologica), Ediesse, Roma 2007
L’Allucinazione “affinità elettive”, Cattedrale, 2008
L’Iddio ridente. Prefazione Stefano Verdino. Editrice Zona
Cristi Polverizzati. Prefazione Andrea Cortellessa, Emanuele Zinato, Angelo



(1) Passons sous silence les inévitables fadaises livrées par certaines marques dans leurs programmes à paraître, incarnéées dans des "bons morceaux" qui mettent en évidence l'inanité de les sujets et l'absence de toute idée de style de leurs auteurs. Exemple, celui-ci qui nous raconte de toute son autorité une histoire d'université américaine sans grand intérêt, mais en hiver, saison où, comme on sait, "La neige ossifiait la ville". Comment voulez-vous avoir envie de lire ça...

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