Aux batailles oubliées...

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Un album original a paru à la fin de l'année dernière : Les Champs de bataille d'Andoche Praudel. Y sont servies les photographies de grands champs de bataille prises par le céramiste et photographe Praudel avec le commentaire esthétique de Baldine Saint Girons. Le tout dans un format à l'italiennne qui met naturellement en valeur les images commentées et les prolonge, en soulignant encore leur portée. Celles-ci, à la manière des clichés topographiques de l'Italien Franco Fontana, présentent des étendues à la puissance graphique singulière car sous-tendue par le carnage et le chaos.
A travers le monde, Andoche Praudel est allé "sur place" saisir l'étendue désormais pacifiée en en rendant l'aspect tellurique et, si possible le "climat" du moment de l'affrontement. C'est évidemment l'imagination du spectateur qui lui fait entendre les détonations et les heurts des armes métalliques, et jusqu'au très léger clapotis des drakkars glissant sur l'eau de la Seine aux alentours de Rouen, parmi les joncs.
Envisageant la notion de "trophée" pour qualifier ces images, Baldine Saint Girons précise enfin : "Le photographe apparaît de la sorte comme un "ichnopoiète", un fabricant de traces, à la fois fausses et vraies, un faiseur de trophées qui témoignent de son art du compromis." Au Mexique où les Chichimèques se battaient en 1550 du côté de Pozos contre l'envahisseur espagnol, au Japon, à Waterloo, Carthage ou Valmy, l’œil du photographe retend l'instant d'avant la bataille pour signaler ce qu'est le vrai et terrible musée de l'Humanité.



Andoche Praudel et Baldine Saint Girons Les Champs de bataille d'Andoche Praudel. De la photographie comme art des trophées. — Editions Manucius, 2013, 96 pages, 25 €

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