Žižek et la blague

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Loin du Rire d'Henri Bergson, le nouveau livre du philosophe Slavoj Žižek s'intitule bravement Mes blagues, ma philosophie.
On dirait Onfray révélant enfin son addiction à l'esprit du fameux Vermot. Ou BHL découvrant vraiment la pensée de Jean-Baptiste Botul... Concocté par deux fervents Žigžekiens saisis par la fréquence des incrustations d'histoires drôles dans l'enseignement du philosophe barbu, c'est un livre assez inhabituel pour mériter un petit peu d'attention.
Apparemment bonhomme, voire débraillé, ce philosophe-ci ressemble comme deux gouttes d'eau à un agitateur mais rassemble dans ses séminaires la crème des intellos. Et naturellement, il leur fait avaler des blagues de militaires slovènes. C'est sa spécialité, ils en redemandent. D'ailleurs il est marxisto-hégélo-lacanien. Tout s'explique : chez lui, la blague cristallise le propos, en est même le support.
Anticapitaliste, auteur de livres assez dépeignés où David Lynch prend autant de place que Lénine, il est désormais anthologisé par ses fans mêmes en une compilation de blagues qui débouche sur de la vrai pensée, convoquant Jacques Derrida ou Sigmund Freud, et quelques autres.
L'intérêt de la chose, à l'évidence, est de montrer que la pompe n'est pas l'esprit et que les pets de ce dernier comportent parfois plus de profondeur que les grandes phrases abscones.
Vertus de l'anecdote et de la surprise, elles portent à la compréhension de la complexité, de la relativité et du grotesque, tout en nous esjouissant.
Un échantillon ? curieux que vous êtes !
Vive la comédie, vivent les zygomatiques, vivent les neurones ! Žižek est leur prophète (pro-prolétarien).



Slavoj Žižek Mes blagues, ma philosophie. — Paris, PUF, 144 pages, 14 €

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