Voici quelle était exactement la journée du Cosaque : Arrivée à dix heures du matin, rue du Croissant. Lecture des journaux, coupures abondantes. "Impossible d'écrire plaisantions-nous, j'ai perdu mes ciseaux !" De deux heures à cinq heures, reportage. De cinq heures à sept heures, travail de rédaction. De neuf heures à deux heures du matin, secrétariat, mise en pages dans l'atelier de typographie. Entre temps, les friandises : chronique quotidienne, plutôt instructive, destinée surtout à ne froisser personne. Trois fois par semaine, l'éditorial, le "leader", écrit politique tracé, eût-on dit, avec de la gomme à effacer. Un feuilleton hebdomadaire sur les livres. Ajoutez quelques menues brouilles : échos, nouvelles à la main, comptes rendus de crimes, facéties boulevardières, etc. Le tout pour la somme mensuelle de soixante-quinze francs, plus quarante francs d'indemnité attribués aux frais de transport... Quatorze jours par an et un demi-mois pour les étrennes.
Henri Duvernois Mes apprentissages. Souvenirs des années 1885-1900. — Paris, Hachette, 1930, 219 p. coll. "C'était hier".
De l'excellent fictionneur Henri Duvernois (Henri Simon Schwabacher, 1875-1937), vous pouvez lire L'Homme qui s'est retrouvé (L'Arbre vengeur, 2009).