Vieilles Connaissances (Siegfried Sassoon)

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Vieilles Connaissances


J'ai observé le vieux Chimpanzé accroupi : il traçait
de pénibles dessins sur le sol : j'ai regardé
le rouge Orang-Outang au visage songeur
Mâchonnant la paille méditative du chasseur.
Il y a très longtemps, je les avais connus puis à demi oublié qu'ils avaient mal tourné (comment ? jamais je ne le sus
Pauvres vieux !) et pourtant il semblait si peu généreux, si grossier
d'être là — planté devant eux — sans mot dire — la bouche bée que je risquai : "Des siècles que nous ne nous sommes rencontrés" et essayai
mon sourire candide d'amitié - ce fut en vain.
L'un se gratta une cuisse velue - tandis que l'autre soupirait
en détournant les yeux — je vis que je leur plaisais moins
que lorsque sur les collines d'Epsom, par un temps découvert
nous repoussâmes le Tétrarque et nous enivrâmes de concert.

Siefgried Sassoon

Poème traduit par Fernande Hélie et publié dans Les Feuillets libres (octobre 1929)

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