Les couvertures de notre siècle (18)

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Pendant un an et demi, je suis allée à la chambre mortuaire de l'hôpital Necker (à raison d'un jour et demi par semaine) à la rencontre de ceux-là qui officient en des lieux reculés de notre conscience. Chaque rencontre appelait une suivante. Ce qui se partagea fut essentiel pour moi, comme pour Mireille Noury, cadre infirmier à la chambre mortuaire. Cette démarche relevait d'une infinie vitalité et était un pied de nez au morbide et au déni ambiant de la mort, aventure humaine qui si elle ne fait pas plaisir à vivre, est pourtant bien réelle. Impatiente d'être, je prenais en réalité conscience du cycle obligé de la vie, donc de l'existence de la mort en moi aussi. J'en étais et sans toutefois le savoir encore au Funèbre, tel que défini par Marcel Guiomar : « Le Funèbre n'est ni projection vers un deuil factice et préalable à toute Mort véritable comme dans le Lugubre, ni un refus de la mort comme le Divertissement ; il est à chaque instant de notre vie le milieu juste, l'accord constant de chaque unité de rythme de notre vie avec l'approche régulière de notre Mort. Il n'en retarde ni n'en avance la pensée et l'échéance ; il est neutre. »


Laurence Loutre-Barbier La Dernier Chambre. — Fage Editions, 2010, coll. Particulière, 96 pages, 15 €


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