De tout (un peu)

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C'est l'arrivée du steamer du capitaine Uluspecski, un transport d'assez joli tonnage, qui a été cause de tout. Créee par sa vitesse d'approche un peu... fluide et le ressac, une lame est venue frapper le wharf avec une violence inhabituelle. Et avec lui le préfet maritime et son clavier, lequel lui fut arraché des mains et connut enfin les joies de la baignade. Le temps qu'un plongeur parvienne à récupérer l'engin (le port est assez profond à cet endroit précis) et que l'on réchauffe l'appareil avec un sèche-cheveux, pensez bien que la semaine était passée. Par bonheur, il s'agit de matériel robuste qu'un peu d'eau salée n'impressionne pas.
Voilà, à notre dam, l'explication de ce silence presque inaperçu. Seuls les plus soupçonneux des alamblogonautes ont conçu l'idée que la fièvre bonneffienne de ces jours n'était pas dû qu'au seul hommage de la réédition présente (aux éditions L'Arbre Vengeur) d'Aubervillers (un chef-d'oeuvre du siècle dernier, soit dit en passant). Ils avaient raison.
D'ailleurs, en cette saison où fleurissent les catalogues à prix marqués des libraires d'ancien (c'est l'approche du Salon du livre ancien au Grand-Palais qui provoque cette effervescente floraison), mille petites choses vous étaient destinées qui ont fini chez les mérous. Restent toutefois quelques très bonnes nouvelles. Tout d'abord, les libraires Patrick Fréchet, Anne Lamort, Pierre Saunier, Jérôme Doucet (nous allons évoquer sous peu deux de ses propres publications sous peu), et d'autres encore, provoquent et la curiosité et l'avide convoitise. Songez un peu que s'offrent sur leurs catalogues :
- chez Anne Lamort : des livres de Caraciolli, René Le Pays; Joseph Delaroa (son surnuméraire facétieux) ou Pierre Chaine (Les Mémoires et les Commentaires de Ferdinand dans un état peu courant) ou encore Gegout et Malato dans leur Prison fin de siècle de 1891, etc. ;
- Chez Pierre Saunier un bel ensemble de romans dévêtus de Jean Larocque (couvertures conservées), un dessin de Tromelin et un album photographique de 62 dessins du même, Les Intermèdes de Talloires de Ghika, La Danza macabra europea d'Alberto Martini, etc. ;
- Chez Patrick des raretés variées d'après-guerre (avant-garde, patatruque et surréalisme révolutionnaire), etc.
Bref, nous nageons dans les notices alléchantes.
Pour que la frustration ne s'installe pas, cet extrait des Mémoires d'un rat de Pierre Chaine qui nous offre d'indiquer que, sous peu, c'est-à-dire en septembre, sortira sur grand écran grâce au Pacte, La Peur de Gabriel Chevallier, un film de Damien Odoul où figurera par emprunt un Ferdinand également. Odoul est le réalisateur du Souffle (2000) et de nombreuses autres choses. On n'a qu'un hâte : voir ce film.

"Ma prison fut placée sur la banquette de tir et je fus exposé sur ce pilori aux outrages des soldats. Les uns me piquaient avec la pointe de leur baïonnette, poussant des rires de triomphe quand ils m’avaient arrachés des cris de douleur et de rage. D’autres tiraient ma queue qui, bien qu’écourtée par les batailles, sortait quand même entre les barreaux. Il se trouva naturellement un mauvais drôle pour m’inonder de son urine car la vessie chez les hommes est une inépuisable source de plaisanterie." (Pierre Chaine, Les Mémoires d'un rat, 1917)


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