Aveux de Claude Louis-Combet

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Consacré à l'expérience de l'écrivain Claude Louis-Combet, De l'intériorité, écrire est un livre où sont abordées les questions qui traversent son oeuvre et son expérience du plus intime, et de l'homme et du créateur. Composé d'un entretien avec Aude Bonord, d'une conférence, de réflexions en forme d'articles, il détaille ce que les questions de l'intériorité, de son expression par le verbe, le culte du moi, l'érotique de l'écriture intérieure et les passages du psychique au spirituel et retour sont justement les points qui caractérisent cette oeuvre désormais profuse, imposante et unique. En particulier dans ce qu'elle apporte de mystère et d'éther sur nos jours de pétrole et de possessions.
S'il s'agit d'intimité la plus profonde, vous ne trouverez pas dans ces pages le brouet clairet des papotages sur l'autofiction ou le journal intime. C'est l'engagement personnel de l'auteur qui est en question, lui qui s'est intéressé si passionnément à l'hagiographie et aux quêtes spirituelles, aux mystiques, jusqu'aux dérèglements du délire — voir aussi les livres publiés dans les collections qu'il dirige aux éditions Jérôme Million. S'interrogeant sur le déploiement d'un texte latent qui s'exprime au travers de sa fiction, Claude Louis-Combet a documenté son expérience spirituelle et esthétique, un exercice passionnant qui atteint un beau degré de subtilité et d'intelligence, ce dont ne douteront aucun de ses lecteurs, qui ne s'étonneront pas non plus que, pour finir, Claude Louis-Combet constate que "Le désir d'éternité ne fléchit pas. Mais la certitude est nulle".

Extrait.

Des plus hautes pensées du coeur aux désirs les plus abyssaux de la passion charnelle, la circularité se dessinait, sans rupture, avec l'inexorabilité des grands rêves : que ce fût Marina ou Antoinette ou Rose ou Druon, la fiction constamment tissée de sexe et d'âme rejoignait le dormeur dans ses plus profondes reculées et reniait la parole à sa mémoire inconsciente. Ce n'était pas là une expérience spirituelle. Je n'étais pas un gourou ou n'aurais pas voulu l'être. Il n'y avait aucun message en ce que j'écrivais. Il y avait seulement quelque chance que l'esthétique du verbe réveillât, en chacun, l'urgence d'étreindre sa part obscure (...) Je n'écrivais pas en vue d'obtenir un effet dans l'âme du lecteur et, par-delà, de conquérir un public. J'écrivais pour l'amante et aussi parce que j'étais pressé, au-dedans, de songeries incompatibles avec la vie et dont je ne pouvais supporter la tension obsédante qu'en leur donnant forme. Ainsi l'écriture devenait l'abri du désir et valait pour un passage à l'acte qui n'eût pu être que ruineux et destructeur. Ecrire était loin d'être sans raison mais n'impliquait cependant aucune volonté de convaincre ni de convertir. Que j'eusse des lecteurs, bientôt fidèles et passionnés, ce n'était, à mes yeux, que pour saluer un moment de beauté. Le reste n'avait pas à me revenir. Toutefois, des traces, au fil du temps, me laissaient entendre que le retentissement dans les consciences n'était pas seulement esthétique.





Claude Louis-Combet, avec Aude Bonord, De l'intériorité, écrire. — Grenoble, Jérôme Million, 2015, 124 pages, 17 €

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