Les histoires de l'autre Bloy

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Excellent travail des Editions des Malassis qui produisent un document dont on pouvait ignorer l'existence, à moins d'avoir étudier la vie de Bloy avec grande attention : les écrits de Georges Bloy sur les Moïs et Annamites.
Ce livre dormait sous forme de manuscrit corrigé par Léon Bloy dans les archives de Joseph Bollery à La Rochelle. Ce dernier avait en effet conservé les papiers du fameux Jésus-Christ des colonies, ce Bloy prénommé Georges, frère cadet du fulminant. Et il aurait fallu plus d'un siècle pour le sursaut d'intérêt pour l'histoire coloniale le mette enfin en lumière.
Ce Georges Bloy n'est pas n'importe qui. Outre que son aîné Léon en a fait une victime du système colonial — les choses sont sans doute plus compliquée pour cet homme naïf sans doute mais doté d'un sang chaud et très réactif aux règlements administratifs et aux abus de pouvoir —, il laissait à sa mort en 1908 un ensemble d'écrits réunis à partir dans les années 1860 où apparaissent la culture et les usages des peuples mois et annamites qui "ne boivent jamais en mangeant".
Briquets atmosphériques ou chasses à dos de buffle, fabliau indochinois des deux crabres, moeurs économiques des Annamites, remèdes, vendetta chez "les sauvages", "drogues stupéfiantes utilisées par les voleurs en Orient", le "tome moïs (l'interdit), etc. Mais on devine aussi la "civilisation coloniale" en action à travers de multiples notes, comme ces "médecins militaires (...) privant à la fois de sang et de nourriture, assurant enlever de cette façon les forces à la maladie qu'ils réussissent effectivement à fair e disparaître en tuant le patient, qui se trouve débarrassé du même coup de la maladie dont il souffrait et de l'existence dont il jouissait"...
Constitué par fragments d'un ensemble de contes, d'anecdotes, d'observations et d'histoires piochées par cet ethnographe amateur, l'ensemble est roberait et instructif car ils sont rares ces recueils où le solitaire, aventurier ou non, a pris la peine de détailler la vie qu'il découvrait aux colonies.
Maurice Dubourg avait déjà raconté la vie dans Un aventurier périgourdin en Indochine (Peyronnet, 1950) où s'apercevait déjà une version plus aquarellée, pour dire les choses, que la défense totale publiée Léon Bloy dans les Lettres aux Montchal ou dans Le Sang du pauvre (1909). En effet, l'écrivain refusa toujours la culpabilité de son frère et les causes qui lui valurent six ans de bagne en Nouvelle-Calédonie et le "doublage" de sa peine sur un îlot en face Koné, Koné où il mourut le 6 octobre 1908. De fait, la vie de Georges Bloy, tour à tour marin, chasseur, voleur, administré spolié ou trafiquant colérique mériterait à son tour de prendre forme dans une biographie détaillée. Après L'Or de Cendrars, on aurait L'Annamite, et un film épatant où pulluleraient les aventuriers, comme ces Louis Vertil et l'Irlandais, ou bien le Breton Lautec...
Pour commencer, lisons Georges Bloy pour deviner l'homme qu'il était.


Georges Bloy Contes et récits des peuples mois et annamites. Suivis de Léon BLoy et son frère Georges, par Maurice Dubourg, et de Jésus-Christ aux colonies, par Léon Bloy. — Paris, Editions des Malassis, 256 pages, 21 €

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