Un tam-tam de papier

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Dans la livraison inaugurale des Cahiers de Tinbad, beaucoup de choses intéressantes. A commencer par son éditorial séditieux contre l'idéologie dominante du bla-bla à tout va, contre le flot de paroles sans fin qui court le long des raisons sociaux et du web en général, — ici même donc, sur l'île du Préfet maritime, frappé lui aussi de logorrhée comme vous avez pu vous en convaincre. C'est un "tam-tam en papier" que Guillaume Basquin et son équipe ont choisi de fabriquer.
Sous l'égide de jacques Vaché et avec le mot d'ordre d'Arthur Cravan (Maintenant !), cette nouvelle revue lance son « pari épistémique anti-noyade-numérique : le texte imprimé seul restera. Maintenant ! »
De l'audace, voilà qui nous plaît. De l'audace, fût-elle d'une pièce, et des morceaux à croquer. En substance, beaucoup d'articles de critique esthétique franchement intéressants, sur le cinéma de Philippe Garrel par Jean Durançon, sur l’œuvre de Marc-Edouard Nabe par Laurent James (qui y voit, le téméraire, comme une nouvelle Comédie humaine), un bel article sur Paul Nougé par Eric Rondepierre et un entretien avec le cinéaste expérimental Christian Lebrat, le tout étant bien de nature à titiller la curiosité.
Côté créations, même profusion : une fiction avec Thomas Bernhard, un jeu sur un thème joycien, des poèmes qui riment par un anonyme, un topo sur l'amour et des emballées de Fabrice Pastre, d’Anton Lujvine (ou Piotr Léoni). Mention particulière à Christophe Esnault dont « La horde acéphale » appartient à la famille des textes fougueux et bien emballés, maniant ironie et auto-dérision avec autant de désinvolture que de provocation. C'est bien tapé, c'est revigorant, cela rappelle à tous ce qui compose la vie, quand on y réfléchit...



Cahiers de Tinbad, n° 1, hiver 2016
5, rue des Beaux-arts, 75006 Paris
106 pages, 14 €
Abonnement (2 numéros) : 26 € franco



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