Un mangaka, ses pets et ses yôkai...

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C'est grâce à Rayas Richa - qu'il en soit remercié - que le Préfet maritime a mis le nez dans la Vie de Mizuki du dessinateur japonais Shigeru Mizuki (1922-2015).
Résultat, il n'en sort plus et dévore sans fin l’œuvre de cet homme, joyeux et tragique mélange d'une fantaisie profonde, parfois fantastique - il a été initié au monde des yôkai (petites créatures fantastiques) par une vieille servante lorsqu'il était enfant (Dictionnaire des yôkai, Pika éd.) -, et d'une perplexité non moins prégnante lorsqu'il doit s'aventurer dans le monde. Il a une préférence très nette pour le farniente. Et puis quel(s) monde(s) que le Japon entre 1922 et 2015 ! Embarqué dans la guerre du Pacifique sur les îles de Papouasie, il y perd le bras gauche (celui avec lequel il dessine justement) au cours de batailles ravageusement folles. On peine à croire qu'il soit possible de survivre à de telles scènes. Après quelques temps passé sur les îles où il se marie avec une autochtone, Mizuki reprend sa vie à zéro, retourne au Japon où il tient une auberge, et devient conteur d'un théâtre d'ombres et, finalement, après avoir réappris à dessiner avec la main droite, mangaka.
Les trois volumes de son autobiographie en images sont absolument imparables, riches d'anecdotes et d'émotions, portant un récit aussi frais que dur qui bascule sans cesse du rire de la facétie juvénile aux cruautés et violences traversant la société japonaise, et la planète en général. Même si l'ensemble traduit est un peu cher, un tel investissement paraîtra peu de chose à un esprit curieux qui saura vite y voir une œuvre de premier plan. L'ensemble est vraiment plus que remarquable : il fait partie des grands livres que l'humanité doit chérir.
D'un point de vue méthodologique : prévoir une bonne apnée, un bon moment de tranquillité pour goûter tous les délices de la trilogie et préparer avec soin le moment où, nécessairement, il faudra s'en extirper. Ça n'est pas le plus facile...



Shigeru Mizuki Vie de Mizuki. 1. L'Enfant. traduit du japonais par Fusako Saito et Laure-Anne Marois. - Cornélius, 2012, coll. "Pierre", 496 pages, 33,50 €
Shigeru Mizuki Vie de Mizuki. 2. Le Survivant, traduit du japonais par Fusako Saito et Laure-Anne Marois. - Cornélius, 2013, coll. "Pierre", 496 pages, 34,50 €
Shigeru Mizuki Vie de Mizuki. 3. L'Apprenti, traduit du japonais par Fusako Saito et Laure-Anne Marois. - Cornélius, 2014, coll. "Pierre", 504 pages, 34,50 €


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