Walser et l'humour

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La fille de la maison industrielle me parut aussitôt très jolie, sinon belle. Elle me semblait svelte, mais pas trop. Par ailleurs, je voyais qu'elle était habillée avec élégance, bien que l'auteur ne fît aucune allusion dans ce sens. Pour une raison indéfinissable, elle me paraissait belle. L'humour, d'ailleurs, était introuvable dans ce petit livre. Du moment que je suis peut-être moi-même plein d'humour, le manque de drôlerie de l'oeuvre que je lisais me fut sincèrement agréable. A mon avis, les natures joyeuses lisent de préférence du sérieux, de même que les gens sérieux aiment à se faire sourire par de douces gaudrioles. Suis-je un ami de la réflexion ? Certainement ! Lorsque je suis en situation de pouvoir écrire de façon réfléchie, je me donne à moi-même l'impression d'être heureux, c'est-à-dire d'être éminemment intelligent. Tout en croyant que les humoristes, à force de vouloir faire de l'humour, peuvent de temps à autre devenir mélancoliques, je poursuis le compte rendu de mon histoire, que l'on peut appeler une histoire d'amour, dans laquelle l'amour se présent sous deux formes, l'une habituelle et l'autre, insolite.





Robert Walser, "L'enfant adoptif" in Marion Graf Robert Walser, lecteur de petits romans sentimentaux, suivi de trois texte inédits de Robert Walser. - Lausanne, Zoé, "Mini-Zoé", 48 pages, 4,50 €



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