La toute petite pierre de Délos


André de Richaud en uniforme et Gaston Baissette (1939-1940).




André de Richaud n'a jamais abdiqué, non plus qu'il n'a jamais perdu sa capacité à surprendre. Voici sa réponse à l'enquête de la revue Fontaine (mai-juin 1940) : "Y aura-t-il une poésie de guerre ?"

Je pense et je souhaite qu'il n'y aura pas de poésie de guerre. Je ne crains qu'une chose, c'est que des crétins inventent un pseudo classicisme, genre bourgeois, contre Picasso, Fernand Léger, Derain. N'oubliez pas que c'est pendant la Révolution française qu'on a fait les pièces les plus moches, les tableaux les plus laids et les statues les plus bêtes.
Certes, le poète a des devoirs. Profonds. C'est de mépriser ceux qui l'obligent à souffrir. N'oublions pas les grandes leçons de la Grèce. J'ai volé à Délos une toute petit pierre. Je joue avec elle. Elle me dit chaque matin ce que dois faire pour ne pas être un affreux bonhomme.
Quand tout cela sera fini, j'irai à Délos et à Olympie et alors, à genoux, je demanderai pardon d'avoir perdu quelques mois de ma pauvre vie.
Pour les droits du poète. Il les à tous.
Il ne manquerait plus que çà...

André de Richaud

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