Un démon, une île, un trésor, un labyrinthe

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Nous reprîmes notre terrible voyage à travers les enfers. Apaisant notre faim avec la chair des crabes, étanchant notre soif avec les quelques gouttes d'eau de souche tombant du haut des cavernes, nous parcourûmes le labyrinthe sans fin pendant des dizaines et des dizaines d'heures. Souffrances et épouvantes se succédèrent tout au long de cette épreuve, mais pour éviter de me répéter je m'en tiendrai à l'essentiel.
Dans le souterrain, nous n'avions pas conscience du jour ou de la nuit, mais lorsque nous n'en pouvions plus de fatigues, nous nous allongions sur le sol de rocher pour dormir. Lors de notre je ne sais combientième réveil dans ces conditions, Toku se mit à pousser des cris.
— Une ficelle ! Il y a une ficelle ! ça serait pas la ficelle de chanvre que vous aviez perdue ?
Cette nouvelle inattendue nous rendit fous de joie. Rampant jusqu'à Tok, nous sentîmes en effet une ficelle de chanvre. Cela voulait-il dire que nous étions tout près de l'entrée ?
— Non, ce n'est pas la ficelle que nous avons utilisée, fit Michio d'une voix dubitative. Et toi, Minora, qu'en penses-tu ? J'ai l'impression que la nôtre n'était pas si épaisse.
En effet, je me rendais compte présent que ce n'était pas la nôtre.




Edogawa Ranpo Le Démon de l'île solitaire. Traduit du japonais par Miyako Slocombe. — Paris, Wombat, 2015, coll. "Iwazaru", 23 €

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