Du sport selon Stella Gibbons

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Fidèle à son principe, la collection Vintage de la maison Belfond propose un roman traduit dont on avait perdu la trace, oublieux que nous sommes. Cette fois, c'est au tour d'un roman de Stella Gibbons (1902-1989), romancière anglaise, auteur d'un vingtaine de livres. Publié en 1946 par René Juilliard, sous un titre un peu décourageant il est vrai, le roman s'intitule désormais La Ferme de cousine Judith et il casse toujours la baraque. Sans compter qu'il arbore désormais en couverture une duo de volatiles distingués.
A travers l'histoire d'une orpheline pleine de détermination — et de suite dans les idées —, Stella Gibbons s'adonne la légèreté et la satire au démontage de la vie étriquée de la classe moyenne. Elle s'en donne à coeur joie, insolente, décalée, formidable. Echantillon avant mise en vente :

Eh bien, au début, je me tenais parfaitement tranquille, regardant les arbres et ne pensant à rien. Il y avait toujours quelques arbres dans les environs, car la plupart des sports, comme vesou le savez, se pratiquent en plein air, et même en hiver les arbres sont toujours là. Mais bientôt, je me suis aperçue q'on venait régulièrement me bousculer, alors j'ai dû abandonner cette méthode et me mettre à courir comme les autres. Je courais toujours après la balle (parce que, après tout, Mary, dans un jeu, le plus important, c'est la balle, n'est-ce-pas ?), jusqu'à ce que je découvre que les autres n'aimaient pas cela, parce que je n'approchais jamais assez près de la balle pour pouvoir la frapper, ou pour faire ce qu'on est supposé faire avec une balle. Alors, pour changer, j'ai fui la balle, mais on n'aimait pas cela non plus, car vraisemblablement les gens de l'assistance se demandaient ce que je faisais, toute seule au bord de la piste, à me sauver chaque fois que la balle venait de mon côté. Un beau jour, à la fin d'une partie, tout le monde me tomba dessus pour m'informer qu'on ne ferait rien de moi.




Stella Gibbons La Ferme de cousine Judith. Traduit par Iris Catella. — Paris, Belfond, 344 pages, collection "Vintage", 15 € En librairie le 9 juin 2016.



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