Circularité du mobile

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Javier Cercas est publié en France depuis 2002. Toujours par la maison Actes Sud. Il a été remarqué il n'y a pas si longtemps lorsqu'ont paru ses romans Anatomie d'un instant, les Soldats de Salamine ou Les Lois de la frontière. Sur notre île, admettons que nous ne les avons pas lu. En revanche, nous n'avons pas raté Le Mobile, petit roman sous belle couverture colimaçonnesque.
Ce livre, novella issue du premier livre espagnol de l'auteur, comme il le confesse, est un texte de jeunesse repêché et, sans doute, un peu retravaillé. Il y est question, sans grande surprise, d'un écrivain cherchant un sujet. Il faut bien que l'inspiration du jeune auteur cristallise. Trouvant dans le meurtre d'un vieillard un sujet à sa pogne, son narrateur imagine le mobile qu'il serait bon de faire endosser par quelque voisin innocent, inconscient, voire étourdi. On n'en dira pas plus, sinon que ce petit livre a une allure qui nous pousserait bien à aller voir du côté de ses romans précédents.
Ça n'est pas forcement le cas de son essai intitulé Le Point aveugle où l'universitaire qu'est Cercas nous tombe la panoplie du penseur des lettres masqué et glose en cinq parties sur des grands classiques de la littérature en tentant de formaliser un prisme de lecture de sa propre doctrine romanesque. Fichtre... Comme on est un peu obtus sur notre île, à l'heure de la sieste en particulier, on n'a pas tout très bien compris, en particulier le passage des chefs-d’œuvre au point aveugle où se faufilent les grandes énigmes de l'existence et de la nature et... leur contraire. Ou pas. Bref, une forme de vérité. Après avoir subi des piqûres de "roman-monde", théorie un peu éparpillée qui nous a valu des heures de lecture finalement assez peu fertiles, on réclame une pause avec les doctrines auto-justificatives. Retour à la fiction, nous réfléchirons plus tard, si ça nous dit.


Javier Cercas Le Mobile, roman traduit de l'espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic. — Paris, Actes Sud, 90 pages, 13,80 €
Javier Cercas Le Point aveugle, idem, 222 pages, 18,80 €


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