Fragments d'Ohl

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Enterré à compte d'auteur... et c'est papa qui paie, comme il a payé mon recueil d'enfant, mais cette fois je me tire moi-même à un seul et unique exemplaire hors commerce relié pleine peau, sous emboîtage ronce de noyer je ne voulais pas écrire "Enterré à compte... ... ronce de noyer " non ! écrire autour de "péter droit" je voulais, au rugby péter droit c'est foncer, s'enfoncer, forcer le passage, et perforer, culbuter, mettre à cul je t'en fiche ! au lieu de péter : Enterré à compte d'auteur... ... ronce de noyer !


Si je préfère de très loin la vie d'un auteur à son oeuvre, chez l'homme qui n'écrit pas j'aime les pense-bêtes, la berceuse griffonnée sur la facture de gaz, les coups de la partie de whist ascenseur au revers du portrait de famille, et même le cri tatoué sur l'épaule, même le mot d'excuse laissé à côté du corps, et voilà qu'on découvre ces vingt-six carnets au fond du coffre à linge, dans les jambes de vieux pantalons du suicidé, ils s'appellent "Ma vie", eh oui, le fameux "Ma vie" que vous connaissez, et ça me réjouit ce triomphe au box-office, parce que la veuve du suicidé est une brave femme, elle a entretenu le suicidé toute sa vie, que ce cossard de première catégorie lui rapporte à son tour de l'argent me semble un juste retour des choses.


Edolie Cristé a écrit "Drongo le roi des corbeaux", vrai ou faux ?


SI vous vous figurez que l'homme qui s'habille et peint tout en noir Pierre Soulages et l'homme qui s'habille et peint tout en blanc Paul Accables ne peuvent s'encadrer, vous vous fourrez le doigt dans l'oeil jusqu'au coude, ils sont en réalité comme cul et chemise, sans cesse ils se voient, chez Pierre, chez Paul, ils boivent force curaçao, peinturlurent les rebords de deux seaux de toilette, et face à face au milieu de l'atelier de Paul, de l'atelier de Pierre, tiennent séance le derrière nu à un doigt du seau, "Gagné !" fait Pierre, fait Paul, "Mais... j'ai pas touché !" fait Paul, fait Pierre, "T'as du vert aux fesses !" fait Pierre, fait Paul, parce que les deux grands artistes ont la même obsession sensuelle de la couleur verte, et nous tenons peut-être là un des secrets de leur amitié ineffable, et, qui sait, de leur génie.



Michel Ohl La Poule pond, suivi de Sonica mon lapin. Préface de Jean-Pierre Ohl. - Paris, La Table ronde, 128 pages, 15 €

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