OLIVIER ROLIN
« On écrit parce qu’on est mal placé dans son époque. Parce qu’on s’y sent dépaysé », dit Olivier Rolin. Vagabondant parmi les paysages, les époques et les livres, cet écrivain nous embarque dans une traversée au long cours. L’Histoire est sa grande affaire, les larges espaces géographiques aussi. La littérature selon Olivier Rolin arpente la déchirure entre le réel et l’idéal, mais elle le fait comme on répond à l’appel du large. De Veracruz à la Terre de feu, des îles Solovki aux rives du fleuve Amour, ses pérégrinations dans l’espace sont aussi des immersions dans le temps. Il est peu d’auteurs contemporains qui savent composer un monde d’une telle profondeur de champ. Bien peu qui possèdent un registre de thèmes et de langue aussi étendu. Très peu, enfin, qui s’aventurent aussi loin des schémas du roman traditionnel. Ce qui hante Olivier Rolin, outre la puissance de certains paysages, la mémoire des livres et la nostalgie de quelque amour perdu, ce sont des moments d’acmé historique où une grande espérance avorte, où une utopie généreuse accouche d’une tragédie ou, plus banalement, de la désillusion. Ce vertige de la défaite, cette « énigmatique puissance de l’échec » nourrit une mélancolie profonde, comme si Olivier Rolin portait encore, au-delà de ses années militantes, « le deuil de la révolution ». Et tout cela affleure dans ses livres avec un beau souci des musiques de la phrase, du tempo, des chromatismes, des accords en mineur, avec parfois une mélodie schubertienne dans des romans qui sont toujours aux marges de la poésie, de la méditation intérieure, du murmure de l’âme.
GÜNTHER ANDERS
Günther Anders est un philosophe qui a d’abord pensé le monde qui nous enveloppe, celui que nous avons domestiqué (dans son anthropologie), puis qui s’est interrogé sur le devenir de l’univers physique, de la nature (à partir de ses réflexions sur les révolutions industrielles) et de la Terre (à partir de ses réflexions sur la menace d’une apocalypse nucléaire). Anders avait la conviction que chaque époque engendre ses obscurantismes et doit produire ses Lumières. Une des sources de la puissance politique de son œuvre tient au fait qu’il a su articuler l’impératif de sauver le monde avec celui de le changer.
Sommaire
Dossier Olivier Rolin
Gérard Cartier : Invitation en Rolinie.
Olivier Rolin : L’éloignement.
Christian Garcin : Un abécédaire pour Olivier Rolin.
Mathias Énard : Neiges.
Jean-Christophe Baily : Le grand large sur la Terre.
Pierre Michon : Lénine et les fleurs bleues.
Olivier Rolin : Considérations sur l’arbre.
Olivier Rolin : Machine.
Olivier Rolin et Jean-Baptiste Harang : Le Grand Cirque.
Jean-Claude Milner : La passion du monde.
Jacques-Pierre Amette : Olivier Rolin, le noir baudelairien.
Norbert Czarny : L’éloge de la littérature.
Agnès Castiglione : Les routes du romanesque.
Pierre Schoentjes : Les ciels de Rolin.
Michel Deutsch : L’Invention du monde. Notes et contre-notes à propos du roman.
Katelijne De Vuyst : « D’où elle ainsi ni d’homme ».
Jean-Claude Pinson : Roman est poésie.
Jean-Pierre Martin : L’art des mots et la trempe.
Bruno Blanckeman : Un adieu aux armes ?
Dossier Günther Anders
Christophe David : Günther Anders et le monde, le monde et Günther Anders.
Günther Anders : Le courrier des morts.
Jason Dawsey : Compréhension fragile.
Micaela Latini : Figures posthumes.
Christian Dries : La vérité peut être livrée sur le plateau de la vérité ou sur celui de la non vérité.
María Carolina Maomed et Isaac Mosqueda : L’univers des appareils.
Yotetsu Tonaki : Günther Anders et le Japon. Penser le post-humain.
Benoît Reverte : Günther Anders et les sciences.
Sans oublier le formidable Cahier de création avec
Vera PAVLOVA : Le ciel n’est pas loquace
Paloma HIDALGO : Nativité
Cécile SANCHEZ : Burn out
et les chroniques habituelles signées Jacques Lèbnre, Karim HJaouadeg, Raphaëlm Bassan et Béatrice Didier