Vingt-et-une vieilles recettes pour mettre à mort les grands coupables

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Repéré par Christophe Macquet dans le fonds de Gallica, ce fragment éloquent de la monographie d'E. Moura, ancien officier de marine, ancien représentant du gouvernement français au Cambodge, officier de la légion d'honneur, officier de l'instruction publique, commandeur de plusieurs ordres étrangers, membre de la société académique indo-chinoise et des sociétés de géographie de Lisbonne et de Bordeaux.:


Vingt et une vieilles recettes pour mettre à mort les grands coupables

Les crimes atroces, connus sous la dénomination de 0crot-tus, sont regardés comme les plus graves qu’on puisse commettre. Ce sont : Entrer dans le royaume les armes à la main - Voler les bonzes - Brûler le Palais du roi — Brûler les livres sacrés – Mettre le feu aux pagodes et aux bonzeries - Incendier les maisons des mandarins et des particuliers – Se saisir des bonzes, de leurs élèves, ou même des particuliers, pour les tuer ensuite de n’importe quelle façon — S’emparer des serviteurs du roi pour les mettre à mort — Tuer son père ou sa mère, ou ceux par qui on a été élevé — Tuer un individu que l’on a poussé au vol, afin de se rendre maitre des objets volés — Voler des objets de grand prix, tels que des idoles du Bouddha en or, en argent, en bois, en briques, en pierre, en étain, en cuivre jaune ou rouge, en vermeil; ou bien voler les livres sacrés et autres objets de ce genre qui sont comme la base de la religion, comme l’aliment de la piété des hommes - Couper les arbres sacrés.
La peine édictée contre les crimes atroces est la mort; et il y a vingt et une manières de faire périr le coupable, suivant la gravité de son crime :
On brise la tête du coupable, de manière que le sang jaillisse; puis on applique dessus une barre de fer chauffée au rouge, qui doit brûler les chairs jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les os du crâne.
On décalotte complètement la tête, en sorte que la peau retombe sur le front et recouvre la figure du patient.
On oblige le patient, par moyen d’un bâillon, à tenir la bouche ouverte et on y verse de l’huile que l’on enflamme avec une mèche.
On fend la bouche des deux côtés jusqu’aux oreilles; puis on y met un bâillon qui la maintienne ouverte, pleine de sang.
On enveloppe les deux mains dans une toile bien imprégnée d’huile et on y met le feu.
On taillade les chairs du condamné depuis la nuque jusqu’aux chevilles et on le frappe jusqu’à ce qu’il expire sous les coups.
On l’écorche depuis le cou jusqu’aux reins, de manière que la peau en retombant lui couvre la partie inférieure du corps.
On lui passe un trident de fer à travers le corps et on le à terre avec cette arme.
On le brûle à petit feu jusqu'il ce qu’il rende le dernier soupir.
On lui arrache des lambeaux de chair avec un coutelas à deux tranchants, de manière à pratiquer dans tout son corps des trous inégaux et on laisse la mort venir.
On lui dépèce le corps des pieds à la tête, jusqu‘il ce qu’il ne reste plus que le squelette.
On lui taillade les chairs; puis, avec un peigne de fer, on en racle les lambeaux jusqu’au décharnement complet de sa personne.
On couche le coupable sur le flanc, puis on lui enfonce une barre de fer pointue qui lui traverse la tête d‘une oreille à l’autre et le fixe à la terre.
On lui broie les os avec une pierre, sans enlever ni la peau ni les chairs. On le plie ensuite comme un paquet et on le jette de côté.
On lui arrose le corps avec de l’huile bouillante jusqu’à ce qu’il meure.
On lâche sur lui des chiens dressés exprès et affamés qui le dévorent et lui rongent les os.
On le pourfend avec une hache.
On le transperce avec une pique jusqu’à ce que la mort s’ensuive.
On l’enterre jusqu‘aux seins dans une fosse; après quoi, on l’entoure de paille de riz à laquelle on met le feu; et quand son corps est couvert de brûlures, on passe sur le sol une charrue et on la repasse jusqu’à ce que le cadavre soit réduit en lambeaux.
On lui fait manger des morceaux de sa chair qu‘on a frits à l'huile.
On l’assomme à coups de bâton.
On le frappe jusqu’à ce qu’il meure, avec un rotin encore couvert de ses épines.

On n’appliquera qu’une seule de ces peines à chaque coupable et cette peine devra être en rapport avec l’énormité du crime.




Traduction Jean Moura in Le Royaume du Cambodge. - Paris, E. Leroux, 1883.


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