Consolations à Tristan Derême

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Consolations à à Tristan Derême qui n'a pas eu le prix Vie-Heureuse

Derême, en quelle erreur t'induit
le besoin de dorer ta plume,
toi, le seul rimeur d'aujourd'hui
qui sache parler à la lune...
Avec ton œil d'enfant, ton nez
relevé comme une épigramme
% et ton chapeau tout étonné
de recouvrir, là-haut, ton âme ;
Tu vas, Pierrot de la Garonne,
vers quels rêves, quels jeux austères ?
cherchant des rimes ? des couronnes ?
ou le dernier train pour Cythère ?

Mais tu conserves, dans ta malle
poil de chèvre (entre ta pipe,
quatre fleurs, un brin d'idéal)
ô flûteur de fines musiques !
tous tes poèmes, mon Derême.
Et c'est pour eux, va, que l'on t'aime.

Pour vous, chambres d'amour, pour vous
soirs de Toulouse et d'Ariège,
pour vous, tonnelles de rosiers,
pour vous, guinguettes de baisers,
pour vous, seins fous
jaillis du corsage et vous,
lèvres qui parcourez ces corps naïfs
de rêveuses provinciales,
pour toi, Théocrite de Tarbes,
lyrique, érudit et lascif.

Et quand les amants de Paris
voudront chanter et voudront vivre,
ils se liront, tout bas, ton livre
et, tous, le donneront, le prix !

Roger Dévigne



Les Nouvelles littéraires, 16 décembre 1922


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