Le Juste numérisateur

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Alors que les tenants du livre électronique ont fini par baisser les bras ("y'a point d'marché", qu'ils pleurnichent après des lustres d'avertissement), un témoignage du père Michel Najeeb a paru qui nous explique pourquoi on a tout intérêt à numériser certaines choses.
Il faut dire que Michaeel Najeeb est un chrétien d'Orient — du genre un peu épatant qui a grandi chez Moïse et joué au foot à côté de la tombe de Jonas. En territoire biblique donc où se sont succédées des générations de croyants de tout poil, de missionnaires de toute obédience et des chefs de guerre de pure agressivité qui se sont succédé pendant des millénaires, terrassant les uns, exterminant les autres, sans fin. C'est d'ailleurs à se demander comment il reste encore des chrétiens du côté de Ninive (Nimrod), ou des Kurdes (qui ont eux-mêmes exterminés les chrétiens il y a un siècle). Passons, cette question fait probablement partie des desseins mystérieux de l'Autre, là, dont on ne sait plus combien de concurrents il a. Il faut se souvenir à ce propos que c'est là que crèche Pazuzu, et que les Yézidies prient toujours le diable (mais à seule fin de ne pas l'énerver).
Bref, n'étant pas ici pour faire un cours de théologie (nos compétences sont courtes en la matière), rapportons précisément ce qu'a permis le père Najeeb. Durant des années, avec les moyens du bord, il a numérisé tous les manuscrits anciens qu'il a trouvé dans les monastères et chez les particuliers de cette région souvent inhospitalière aux écrits. Après le passage de Daesh, on devine que son labeur a été plus qu'utile.
La collectivité peut le remercier cet homme précieux. Sa lucidité et sa bonté doivent d'ailleurs être louées. On a aussi une pensée pour tous ceux qu'il est parvenu à convaincre et qui ont contribué à ses sauvetages humains et livresques. C'est finalement une leçon pour nous qui sommes assommés de livres. Ces derniers pleuvent sur nous comme un fléau des dieux au point qu'on en plie les rotules. Moins violente que la guerre, c'est une nouvelle plaie d'Egypte, et, paradoxalement, une attaque permanente et sournoise contre l'esprit. Notre disgrâce est l'antithèse de celle de Michel Najeeb. Profitons de son témoignage pour y réfléchir et rendons grâce à cet homme inspiré et propageons son livre.



Père Michaeel Najeeb, avec Romain Gubert Sauver les livres et les hommes. — Paris, Grasset, 178 pages, 17 €

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