On ignore qui est le plus cintré dans cette histoire, mais c'est bien la première au cours de laquelle on assiste aux pérégrinations d'un écureuil et de sa collection de cintres. C'est l'Islandais Gyrdir Eliasson qui nous la raconte. Son écureuil est en réalité un petit gars solitaire, un peu remuant et rêveur, qui commet sans cesse de bien innocents méfaits, maladresses plus que brigandages. Echappant sans cesse à son univers familial par l'effet d'une forte imagination, il opte pour la transformation totale en écureuil, ce qui ne lui réussit finalement pas si mal.
L'écureuil a trouvé ça triste de devoir partir. Mais il avait pris sa décision et n'y changerait rien. il donna la hutte au toit de paille à son ami, le traquet motteux. IL fit ses adieux à toutes ses connaissances, aux noirs coléoptères de l'étang ver, aux poissons qui respirent hors de l'eau et aux amanites tue-mouches qui poussaient depuis longtemps dans son jardin. Il se fit chauffer du café pour la dernière fois sur la cuisinière à gaz. Puis il enfila ses chaussures chinoises et se mit en route à pied. Il n'emportait presque rien, seulement un panier d'osier sur son dos, contenant ses journaux intimes, une lampe de lecture et une botte de cintres. Ceux-ci dépassaient de la corbeille de tous côtés, de sorte que l'écureuil ressemblait plutôt à un renne nain. Il avait depuis longtemps accumulé des cintres, bien qu'il n'eût pas d'habits.
Entre Bébert et l'omnibus et une Guerre des boutons qui serait solitaire, Les Excursions de l'écureuil portent beaucoup de poésie et de douceur. Elles enrobent une pointe d'incongruités que les enfants et les poètes savent trouver pour les croquer.
Gyrdir Eliasson Les Excursions de l'écureuil, traduit par Catherine Eykolfsson. - Chicoutimini, La Peuplade, 109 pages, 17 €