Les incipits du siècle dernier (5)

ILVor3.jpg


C'était un chirurgien étrange qui vous enlevait l'âme en un tournemain. - "Vous ne souffrirez pas, disait-il, appuyez-vous bien dans ce fauteuil". Et il vous parlait de choses et d'autres. Du beau temps revenu, du dernier spectacle de l'Opéra, des pourparlers secrets pour la paix. Car on été, bien entendu, en guerre. Et il y avait une constante menace de paix. Ainsi votre esprit vagabondait tantôt sur un champ de bataille, tantôt dans les rues bruyantes de la cité. Et juste lorsque vous vous y attendiez le moins cet habille personnage vous arrachait l'âme. - Vous voyez, disait-il avec un sourire, vous n'en êtes pas mort. C'est fait. Et il vous montrait, dans une petite tenaille, une chose blanche, d'où le sang dégouttait.




Ilarie Voronca Confessions d'un âme fausse. - Rodez, Editions du Méridien, 1942.


Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/3516

Haut de page