On connaît bien Olivier Apert, le complice de François Boddaert dans leurs exercices de provocation, on connaît aussi le lecteur de Pétrus Borel, de Mina Loy (il a publié récemment plusieurs de ses livres dont un volume de Poésies complètes, chez Nous, 2017), de Robert Montesquiou et même de la poésie féminine américaine (il a donné en 2014 Women, une anthologie au Temps des Cerises).
Le poète était resté plus discret, sans toutefois se laisser oublier. Avec les éditions Lanskine, il livre un recueil en neuf chapitres où il déploie les différentes cordes de sa harpe. Poèmes, chansons, astuces et aventures de l’Ange B. forment livre rebondissant, rafraîchissant et parfois même plein d'humeur. Echantillon :
Comme Dirait Henry Brulard
quand comme Stendhal
je consulte mon catalogue
— certes pas un décalogue —
j’y découvre qui ? que dalle...
où est-elle partie celle-là ? et celui-ci en est-il revenu ? « pour arriver, il faut être attendu » comme disait l’autre —, qui ça ?
et celui-là toujours aussi con ?
et celle-ci toujours aussi moche ?
le vide dans la tête le fric dans les poches
comme disait l’autre : à quoi bon ?
et celui-ci encore prêt à trahir ?
et celle-là encore prêt à se vendre ?
décidément il ne sert à rien de se rendre
comme disait l’autre : mieux vaut mentir
et celle-ci avec machin et truc
et celui-)là avec ses trucs et ses machins
je ne sais quoi entre trouduc et vagin
un presque rien dirait monsieur le duc
et celle-là qui cultive ses problèmes
et celui-ci qui gonfle ses angoisses
vraiment ils nous portent la poisse
comme dirait le petit matin, blême
con comme Stendhal
je consulte mon catalogue
— certes pas un monologue —
j’y découvre quoi ? le pal...
Olivier Apert Si et seulement Si. — Lanskine, 112 pages, 14 €