Haleines d’orques et dentelles de fées

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Excellente initiative des éditions Vendémiaire qui nous offrent le 4 octobre prochain le vade-mecum de la Fantasy sous la forme d’un dictionnaire. D’amour à White (Terence Handury, 1906-1964) il est désormais possible d’améliorer sa culture générale en abordant ce domaine littéraire à la fois charmant et brutal, familier et exotique, enfantin et violemment gaulé, féérique et dégoutant de baves variées, fréquenté par des individus absolument impossibles, voire trop ou trop peu sexués. Bref, un cirque qui confine au zoo...
Ce terrain de jeu trouve ses origines au milieu du XIXe siècle dans l’univers anglo-saxon en forgeant des univers littéraires aux dimensions de mondes nouveaux, et de mondes en expansion. Devenu une manne irremplaçable des séries télé et des scénaristes hollywoodiens – ne pas rater l’article « saga » - , la Fantasy et ses à-côtés (steampunk, gothique moderne, etc.) ont connu une ferveur croissante depuis les années 1980 au point que les noms de Tolkien, Lord Dunsany ou Terry Pratchett sont désormais des évidences. C’est à tout prendre un nouvel « enfictionnement » du monde qui a eu lieu sur les vieilles recettes de la littérature médiévale et du conte ancien. En d’autres mots, chevaliers et dragons se sont vus adjoindre des alliés faramineux pour produire des histoires à base de « surnaturel magique ». Car voici l’ingrédient secret de la Fantasy, qu’elle soit de William Morris et traite de questions politiques dans sa Source au bout du monde (1896) ou qu’elle s’intitule Harry Potter et se soutienne grâce aux arches d’une école prestigieuse au pays des magiciens. N’omettons pas les fées, les princesses, toutes personnes précieuses et parfois fragiles – gare aux magiciennes perverses néanmoins -, les crapauds, les nains, les orques, les chapeaux acquis auprès des héritiers du romantisme noir, et toute une panoplie de seigneurs des Ténèbres plus pénibles et asticoteurs les uns que les autres.
Aux confins de l’utopie, l’autre dénominateur commun des auteurs de fantasy réside dans leur capacité à fabriquer des règles de fonctionnement singulières pour leurs mondes. Bien sûr, les grands mythes et récits fondateurs de l’humanité sont la toile de fond des imaginations en ébullition de ces créateurs qui n’échappent évidemment pas aux différents registres éditoriaux, aux us et coutumes des milieux, à la répétition thématique – d’où le dictionnaire. Toutes les œuvres de fantasy ne sont pas de la qualité de la trilogie de Gormenghast de Merwyn Peake. Les topoï d’un genre sont aussi des marqueurs qui servent à son explication, il sera en conséquence relevé qu’on trouve dans ce brillant dictionnaire une notice « Humour » et quelques surprises plutôt carabinées qu’on ne dévoilera pas ici puisqu’on a acquis la recette de la potion de dissimulation auprès d’un mage ancien.
Pour cette lecture, prévoir amulettes et combinaison ignifugée.

Anne Besson (dir.) Dictionnaire de la Fantasy. - Paris, Vendémiaire, 400 pages, 28 € En librairie le 4 octobre.

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