Un éminent citoyen de Lorraine nous informe que les bibliothèques universitaires de Nancy se nomment désormais des studothèques.
Un message a circulé faisant part de l’entrée de l’université dans une fumante modernité :
Studothèque Hérodote
Studothèque Infocom
Studothèque Athéna
Studothèque Lettres & Arts
Studothèque Langues du Nord
Studothèque Langues du Sud
Les changements de noms sont déjà visibles dans notre catalogue documentaire, sur notre site Internet et sur notre page Facebook sur laquelle nous vous invitons à nous rejoindre !
(...)
Nous vous souhaitons une très belle rentrée à toutes et à tous !
Les Studothèques
Exit biblos.
Les Bibliothécaires ne s’étonneront pas d’être remplacés par des studothécaires dès lors que les livres auront débarrassé les lieux.
De leur côté, ils pourront choisir, selon leurs possibilités, le statut de sans emploi ou de retraité(e).
Ils ne se plaindront pas de ne pas avoir été prévenus, d'autant qu'il est terriblement aisé de deviner ce qui se cache derrière le discours lénifiant, sous son habillage sociologisant, des candides adeptes du « troisième lieu ».
On en a dit un mot dans "Bonne sieste à la bibliothèque" (Le Monde diplomatique, juin 2018).
Faut-il donc signaler que les coupes lexicales servent les coupes budgétaires ?
Faut-il donc encore souligner que les mots ont un sens ?
Parmi d’autres, les bibliothécaires et les professeurs de l’université devraient être collectivement là pour le rappeler.
Il est impudent de se réjouir d’un suicide collectif, fût-il claironné sur Facebook...
Pauvres rienthécaires de Nancy...
Illustration du billet : copyright Draco Semlich.
1 De oiseau-de-passage -
Il semblerait que l'éminent citoyen soit lorrain et non alsacien, c'est à Nancy et non à Strasbourg que les studothèques supplantent les bibliothèques
2 De Rienthécaire de Nancy -
Il ne s'agit en aucun cas des bibliothèques universitaires mais des bibliothèques des anciennes UFR. Les bibliothèques universitaires restent des bibliothèques universitaires ! qu'on se le dise !
3 De Marsyas -
Bonjour,
Bien qu’attristé moi aussi par ce changement de nom, je dois reconnaître qu’il s’agit d’une mesure astucieuse d’auto-préservation plutôt que d’un suicide collectif. Du point de vue des autorités centrales, les bibliothèques d’UFR SHS/ALL (les seules concernées) étaient une aberration parce que les autres UFR n’en disposaient pas : la menace bien présente était leur fusion avec la bibliothèque centrale SHS (qu’il n’a jamais été question de ne plus appeler bibliothèque). Ce changement de nom, en les privant du vocable bibliothèque rassure donc ces autorités tout en permettant à ces bibliothèques de survivre. La survie passe souvent par le camouflage.
La réalité est donc plus complexe que votre interlocuteur ne vous l’a exposée…
Salutations
4 De patichon -
Bibliothécaires mutés en surveillants d'études ? Et toujours silencieux?
5 De Le Préfet maritime -
Bien sûr, cher Marsyas, le camouflage, et la sape... Après la peinture de toiles par les peintres de Montmartre, on a vu ce que donnait la ligne Maginot.