C'était un wagon de classe internationale. Un long couloir étroit le traversait d'un bout à l'autre. A droite, une rangée de fenêtres ; à gauche, une rangée de portes. Déjà, tous les compartiments étaient occupés. Des hommes et des femmes se préparaient à passer la nuit. A travers les portes vitrées, ou les voyait remuer, s'agiter. On voyait aussi des valises ouvertes et des couvertures dépliées. Un voyageur était debout sur la banquette de cuir, tandis qu'on lui passait des paquets qu'il entassait successivement sur le porte-bagages. Dans le couloir, les gens s'avançaient toujours, serrés les uns contres les autres. Une traînée de lumière mourante éclairait des pans de visage. Du dehors venaient des rumeurs, mêlées au bruit des pas pressés, aux craquements des planchers.
- Par ici, venez par ici !
Jean-Claude Piguet Le Train, récit. Préface de Manuel de Dieguez - Paris, Éditions du Triolet, 1949.