Des métiers improbables

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Concevoir des métiers imaginaires est une passion de gens de lettres. Quel auteur n’a pas eu, un jour, le désir de créer la figure d'un dépendeur de quelque bidouille soumis à sa propre logique, lucrative ou sans but utilitaire ?
Cette tendance à la création de professions plus ou moins poétiques, plus ou moins burlesques, dit long sur le goût du bizarre qui règne chez les rêveurs qui nous entourent... Rêveurs ou nostalgiques car dans leur farfelu ces métiers ont un petit goût d’autrefois puisqu’ils ne peuvent que nous rappeler les vitriers ambulants et les rémouleurs, les montreurs d’ours et les marchands ambulants disparus.
Mais n’est-ce pas tout simplement pour les gens de lettres aussi le moyen de peupler leurs mondes qui fonctionnent selon des logiques propres et singulières, tout incluses dans des oeuvres de mots, enfermées dans des opus de papier sans risque d’irruption dans le monde réel ?
En 2004, Jean-Paul Plantine et Michel Guérard avaient publié un premier''Petit Almanach des métiers improbables & disparus’’ (Gingko, « Biloba »), apparemment épuisé où une bonne lichée des inventions de Rabelais, Topor, Catulle Mendès, Cortarzaz, Hardellet, Michaux, Chesterton, Cami, Maurice Blanchard avaient trouvé un écho aujourd‘hui amplifié avec de nombreux autres facétieux inventeurs de métiers inexistants dignes d’entrer dans les registres d'une O.I.T. fumeuse et Rémy Leboissetier nous divertit aujourd’hui en recensant les cas issus de leurs cerveaux en fusion. C’est varié, c’est profus, c’est éloquent. On trouve le Manieur de livres (Flann O’Brien), le Métasophe (Papini) et le laveur de confettis parisiens (Allais) et pour peu que l’on cherche encore, il faudra ajouter les créations de Hrabal. Les perles réunies ici s'organise sous forme d'un dictionnaire alphabétique de citations. Une vraie reconnaissance pour les ramasseurs de bonnets, les moissonneurs de ballons, les torcheux, les tricoteuses de pelotes sauvages, les tueurs de mots ou les vitriers sylvestres.
On ne recommandera pas de suivre l’exemple d'Henri Roorda qui ne permit à personne de faire carrière dans le rôle de professeur d’optimisme, titre qu’il n’accordait qu’à lui-même en réalité, avant de se suicider, mais l’on se réjouira de voir paraître le Chef de toutes les arrière-cuisines de Fernand Combet, preuve que son SchrummSchrumm ou l’excursion dominicale aux sables mouvants (1968, réédité par Verticales en 2006), est lu, malgré les apparences et la grande indifférence dont semble pâtir son livre immense parmi les lecteurs du XXIe siècle.
Voilà donc un autre métier à inventer, tiens, celui de lecteur de livres-non-lus, qui n'est autre au livre, ce dernier article, que ce qu'est le vampire au vivant.



Rémy Leboissetier ''Répertoire des métiers imaginaires’’. — Paris, Editions du Sandre, 200 pages, 25 €

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