Les bidonvilles de la Ve

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Tous les lecteurs des années 1980 se souviennent de l’effet fou qu’avait produit Le Thé au harem d’Archi Ahmed (Mercure de France, 1983) lorsqu’il avait paru.
Ce premier roman de Medhi Charef était la preuve incarnée que la littérature a un effet sur le monde — puisque ce fils des bidonville de la région parisienne était arrivé, armé de son Robinson Crusoe et de son Grand Maulnes a conquérir une place dans la vie littéraire. C’était peu avant la ''Fée carabine'’ (1987) et autres romans propres à encourager la lecture, quand les éditeurs soignaient leurs clients les plus jeunes.
Fils de terrassier, lui-même affûteur en usine, Medhi Charef avait fait une entrée fracassante dans l’histoire des lettres françaises.
Depuis, il est devenu scénariste et réalisateur mais il vient de donner un autre livre sur ses années d’enfance qui se sont déroulée au milieu des cabanes de la Ve République, Rue des Marguerites, dans cette banlieue indigne où des patrons cyniques entassaient la chair à reconstruction sous le regard complaisant du pouvoir.
Autour de la figure de sa mère qu’il adule, Charef reconstruit petit à petit son univers d’alors, sans oublier d’y disposer la faim et les violences des militaires français qui traquaient au bled le « rachitique » pour lui envoyer des piqûres de vitamines. Délicat et affectueux, Medhi Charef vient de donner à la jeune maison Hors d’atteinte un très beau morceau de littérature qui ne s’embarrasse ni des fantasmes du marché ni des préoccupations de la mode.
C’est à peu près à ça qu’on reconnaît les bons livres, non ?


Medhi Charef Rue des Marguerites. — Hors d’atteinte, 252 pages, 17 €

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