Littérature et publicité

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La tenue en juin prochain de journées consacrées à la publicité et à la littérature, sujet qui nous occupe à l'Alamblog depuis de nombreuses années (rubrique "La Réclame littéraire"), nous profitons de l'occasion pour placer quelques glanes qui, apparemment, vont faire ou ont fait l'objet d'une réédition universitaire. Il s'agit en substance de l'enquête de Paul Reboux sur les rapports de l'art et du commerce, cette vieille hydre des esthètes...

Le 24 février 1927, Bernard Gervaise profitait dans Paris-Soir du lancement de la grande enquête de Paul Reboux pour signer un chronique ironique :

Araignées au soir

Littérature et Publicité

Notre ami Paul Reboux a, comme l'on sait, ouvert une enquête à l'effet de savoir ce que les gens de lettres pensent d'une certaine littérature « publicitaire ». Cette idée lui est venue subitement en apprenant qu'une revue féminine venait de fonder un prix de trente-cinq mille francs (35.000) pour récompenser le meilleur texte littéraire écrit à la louange d'un produit commercial.
Soit dit en passant, les directrices de ladite revue peuvent se flatter de m'avoir plongé dans un prodigieux étonnement. Jamais je n'aurais cru que des dames fussent capables de dépenser leurs argents aussi mal à propos, à l'heure même où l'on trouve, dans tous les magasins, tant d'occasions attrayantes et sensationnelles !
Et si encore il s'agissait d'un prix littéraire genre Goncourt ou Femina-Vie Heureuse, offrant au talent méconnu une providentielle rétribution , on comprendrait, mais payer trente-cinq mille francs un texte qui aura déjà été couvert d'or par un fabricant de nouilles ou de savon, voilà qui est singulier !
Cette parenthèse soigneusement fermée, essayons de répondre à la question de Paul Reboux. Tâche malaisée.
N'est-il pas malséant de dénigrer la publicité, sous quelque forme qu'elle se présente, dans un journal, quel qu'il soit, puisque tous les journaux doivent, pour vivre, demander une partie de.leurs ressources à la publicité ?
Cette simple considération mettra, je l'espère, les camarades romanciers sur leurs gardes. La Publicité, tyran moderne, est terriblement envahissante. Si vous lui tolérez un pied dans vos plates-bandes, elle a vivement envahi tout le jardin. Un jour, quelque maison d'édition avisée obligera tous ses auteurs à dire, dans leurs bouquins, quelques mots des Nouilles Machin ou du Savon Truc. Trois mois plus tard tous les éditeurs devront suivre le mouvement et tous les écrivains seront devenus tributaires des nouilles ou de la parfumerie.

Bernard Gervaise


Habile lancement ! L'enquête de Paul Reboux sur les rapports de la littérature et de la publicité paraissait dans les mêmes pages de Paris-Soir depuis le 22 ! Et ce sous un beau portrait photo de Jane Ramel-Cals promouvant son roman illustré qu'allait publier Paris-Soir

Les journées organisées à Bruxelles par Myriam Boucharenc s'attacheront à explorer les questions suivantes :
En voici les jalons :
Archives et collections numériques : Présentation du site LITTePub
Les auteurs en vedette
Genres littéraires et genres publicitaires
Stratégies éditoriales : des archives papier au numérique
Les archives de la promotion du livre
Exposition en ligne « Les écrivains belges et la publicité »
Intrigues publicitaires
Imageries et supports
Réédition d’une enquête historique, « Littérature, commerce et industrie » (Paris-Soir, 1927)
Littérature et publicité : ordres et désordre du numérique
Les nouveaux influenceurs
Perspectives transnationales


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