Adrien Le Corbeau a un museau

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Adrien Le Corbeau

M. Adrien Le Corbeau s'est révélé d'un coup à la critique et au public par un livre, Le Gigantesque, qui lui valut, en premier lieu, les articles enthousiastes de deux confrères qu'il ne connaissait pas et qui ne le connaissaient pas : MM. Gaston de Pawlowski et Lucien Descaves.
L'Heure Finale, son second et dernier ouvrage, accroît encore cette impression de puissance pensive — dans un genre inclassable : ni roman, ni philosophie — que laisse la lecture de ce magnifique écrivain.
Connaissez - vous la statue de Bouilhet, l'ami de Flaubert, à Rouen ?% La figure pleine que marque le point d'exclamation d'une petite barbiche à l'impériale, la barre horizontale d'une courte moustache et les deux diamants noirs des. yeux sous le vaste front dénudé ? C'est à Bouilhet, en vérité, que ressemble M. Le Corbeau. Sa parole est chaude, nourrie, pleine de faits, de réflexions, de déductions — comme son style.
Poète, il accueille et ordonne toutes les voix qui chantent en lui et autour de lui, mais il leur impose le contrôle d'un esprit nourri de savoir et que la raison la plus raisonnable (si je puis m'exprimer ainsi) habite. Certains critiques ont prononcé le grand nom de M. Maurice Maeterlinck à son sujet. Il s'agirait, alors, d'un Maeterlinck plus rationaliste encore que celui que nous connaissons par ses belles oeuvres. Et il y a, dans L'Heure Finale, des accents plus pathétiques, quelque chose de plus senti, disons le mot : de plus vécu (quoiqu'il s'agisse de la mort) que dans le très beau livre, sur le même sujet, du grand flamand.
Il faut saluer en M. Adrien Le Corbeau, un penseur moderne et un écrivain du plus beau style.
Gabriel Reuillard.




Paris-Journal, 11 octobre 1924.

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