Son roman Robinson (Gallimard, 2016) qui fait le récit par un père de la vie d'autiste de son enfant, a été remarqué lors de sa parution. Voici Laurent Demoulin de retour avec un recueil de poèmes à l'enseigne de L'Herbe qui tremble.
Les poèmes, il les aime variés, curieux, et parfois même un peu piqués. Il faut dire qu'il est un grand amateur de Francis Ponge et qu'il en a gardé quelque chose. Il le confesse d'ailleurs sans ciller et c'est fort plaisant :
Par le mot par commence ce poème
Qui Ponge pille dans son premier vers
Et avoue faute dans le deuxième
Par le mot par a commencé ce poème
En un plagiat qui restera impuni
Quel que soit le mot par lequel il commence
Personne ne lira ce poème
Non jamais nul ne posera les yeux
Sur ce poème qui s'achève
Par le mot par
Amateur de formes fantasques, changeantes, Demoulin n'apprécie rien tant que les bricolages de son cru : poèmes classiques en vers modernes et poèmes modernes en vers classiques, vers marginaux (sans trous) et même "Poème Laurent-Laurent", toutes mécaniques qui promènent des Batave blanche blonde ni blanche ni blonde, le musée du quai Branly, du pompiste et on en passe, dans des ambiances qui relève parfois carrément de l'érotisme. Mais il serait déformant d'annoncer que Laurent Demoulin ne pense qu'à ça. On dirait plutôt que Laurent Demoulin ne pense qu'à se distraire.
Notez bien que ça aussi ce serait réducteur puisque Laurent Demoulin paraît soucieux aussi de pédagogie : il a équipé son volume des belles planches bataves, pardon, anonymes issues du Vocabulaire français en images d'Auguste Pinloche (1856-1934), pédagogue extra qui fit des merveilles chez Larousse pour la collection "Vocabulaires polyglottes en images) en l'année 1923, signe que la culture n'est pas le cadet de ses soucis durant sa promenade .
Laurent Demoulin Poésie (presque) incomplète. - Paris, L'herbe qui tremble, 100 pages, 14 €