Poète née à Tanger, Rim Battal expose les conflits qu'entretiennent les économies et les moeurs
Dans un monde qui fait mine d'accepter les contrastes, sa poésie encore un peu verte parfois mais pleine d'amour et d'énergie, ressemble à ses soeurs des années 1970 : énergie de la création, révolte contre les fatalités et ce constat que le déplacement géographique ne change sans doute rien à quoi que ce soit...
Etre à Tanger
Rendre le sourire
Aux expatriés de la cinémathèque
Qui sourient dans des costumes chic
Des beatniks nostalgiques
Habillés en beatniks nostalgiques
Des expatriés de la Kasbah
Qui sourient dans des costumes chic
Inscrite comme un journal de bord au fil de l'actualité, Rim Battal la photographe dresse des tableaux d'aujourd'hui en soulignant la permanence des émotions et des désirs.
Ici, en prime, un poème à la gloire de "Sainte-Melania", la femme de Trump, comme une provocation de plus, au milieu des quidams mecs balafrés et femmes lourdement fardées
Au pied des côtes A Tanger
Des hommes dos à la mer
Traversent sans regarder
Le visage couperosé
des Vielles avariées
Des petites sous vide
Des putes sous voile
Traversent sans regarder
D'étroites rues bordées
D'hommes
qui ont des trous pour seule maisons
De femmes
qui ont des trous pour seule maison
Leurs yeux qui doucement bleuissent
confondent le cieletlamer
Dieu et L'horizon
Rim Battal Transport Commun. - Lanskine, 64 pages, 13 €