Einstein en voyage

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Parution d'une curiosité chez Rivages : les notes de voyage du Nobel Einstein.
Se doutait-on que la gaillard avait tant voyagé ?
On l'imaginait devant son tableau noir, ou vert, couvert d'une légère poudre de craie blanche, un peu hirsute...
Et bien on se trompait. Dès lors que sa célébrité fut mondiale - il obtient le prix Nobel en 1921, à 42 ans -, il se propagea lui-même dans l'espace (selon des trajectoires courbe ou en ligne droite, c'est selon).
Son point de départ fut une conférence à l'Université hébraïque de Jérusalem, ses moments les plus officiels furent au cours de cette première tournée les réceptions organisées par l'impératrice du Japon et les audiences avec ses éminences que sont le roi et la reine d'Espagne... "Soirée punition, comme toujours". Einstein est plus à l'aise hors-barrière.

Moyennant de nombreux mensonges, escapade en cachette à Tolède. Un des plus beaux jours de ma vie. Ciel radieux. Tolède comme un conte de fées. un vieil homme passionné, qui aurait écrit des choses importants sur le Greco, nous guide. Les rues et la place du marché, vues sur la ville, le Tage et ses ponts de pierre., les colonnes couvertes de pierre, les colonnes couvertes de pierres, la plaine charmante, la cathédrale, la synagogue. Coucher de soleil aux couleurs incandescentes sur la route du retour. Jardinet avec vue près de la synagogue. Superbe tableau du Greco dans une petite église (enterrement d'un noble), parmi les choses les plus profondes que j'aie jamais vues. Merveilleuse journée.

Cette journée, comme les précédentes, il la passe avec Jose Ortega Y Gasset et Ramon Gomez de la Serna, auxquels il faut ajouter quelques comtesses et autres. Et puis il y a ses concitoyens exilés un peu partout sur la planète, et ces fâcheux Chinois. Ah, les Chinois, Einstein ne les apprécie pas à leur juste mesure. Quelques commentaires nettement stéréotypés à leur égard, pour ne pas dire qu'ils sont empreints d'un net racialisme d'époque, comme l'analyse son traducteur, nous mettent sous le nez toute l'ambivalences du génie... Jusqu’au Japon. Le savant tombe sous son charme :

Sérieuse et haute estime sans la moindre trace de cynisme ou même seulement de scepticisme : typique des Japonais. Des âmes pures comme nulle par ailleurs parmi les hommes. On ne peut qu’aimer et admirer ce pays.

En, tout cas, et c'est précieux, lorsque vous vous demanderez à quoi pense un génie, vous irez lire le journal de voyage d'Einstein.
C'est varié, c'est frais, c'est drôle parfois, et ce n'est apparemment que le premier d'une série encore inédite. (1)
Sans blague, c'est une bonne idée : lire du génie, ça changera des gros livres pleins de pages fabriqués pour la plage...



Albert Einstein Journal de voyage. Extrême-Orient, Palestine, Espagne, 1922-1923. Traduit de l'allemand et présenté par Stéphane Zékian. - Paris, Rivages, 200 pages, 18 €

(1) On se demande bien pourquoi ils étaient restés intraduits...


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