Chapelle ardente

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Le boucher ralentit. Laisse le fourgon mortuaire pénétrer seul dans l'enclos. Braque, se gare sur le parking réservé au deuil, en haut de la corniche. A ses côtés, le professeur feme les yeux, les ouvre, les referme. Il soupire et s'apprête à descendre du véhicule en étant intimement convaincu que dès ce soir, barbu, couché au fond de sa tombe, charmé par l'appel de l'océan, regrettant de ne pas avoir emporté sa longue-vue, ses spots bleus et sa lampe-torche, s'offrira une première sortie sous la lumière laiteuse des lampadaire du front de mer. Il se baladera incognito, sans corps et sans ombre, blotti dans les mots de tous ceux qui le feront entrer dans leurs conversations, ne les quittant qu'à l'heure de la fermeture, heureux d'avoir pu se dédoubler pour être présent dans de nombreux lieux en même temps.


Jacques Josse Chapelle ardente. - Saint-Étienne, Le Réalgar, 44 pages, 8 €

L'ouvrage s'ouvrage sur un épigraphe de Pierre Autin-Grenier que nous nous plaisons à citer : "Je rêve parfois d'un bistrot éternel où l'on serait chez soi ; au chaud, bien enveloppé dans la musique du zinc. Une espèce d'estaminet enfumé - bleu - avec comme des mains maladroitement peintes sur les murs." (Jours anciens, L'Arbre, i. e. Jean le Mauve, 1980)

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