De Floride à la Neva

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Après avoir suivi Kerouac à St. Petersburg (Floride) et Twain dans l’imaginaire St. Petersburg (Tom Sawyer), le traducteur et écrivain Brice Matthieussent pose un temps son bagage dans « la ville la plus abstraite et la plus préméditée de la planète » (Dostoïevski). Il y est invité pour donner des conférences, des trucs d’écrivains et il note ce qu’il voit, ce qu’on lui dit, ce que racontent les écrivains comme Biély qui ont fait de la ville un monstre de littérature, sans négliger les dits qui se colportent : "On dit qu’en traversant n’importe quelle avenue de Saint-Pétersbourg on a largement le temps de manger son sandwich."
On raconte aussi à Brice Matthieussent que les prostituées qui opèrent à la Forteresse Pierre et Paul organisèrent un jour une cavalcade jusqu’aux hôtels de luxe de la ville pour rabattre le client, on insiste sur l’importance d’être hautain, à moins de prendre le risque de se trouver « brisé », et lui, nous avec, visitons les salles de réception en sous-sol, les universités, les rues froides, côtoyons les hommes brisés, le « carburant pour fusée » (vodka au piment), écoutons les chansons, observons la fine pellicule de boue brune qui recouvre tous les véhicules. Le tour du propriétaire est partiel, partial, parfois naïf, mais il n’est pas sans intérêt puisque la poésie de Pouchkine, d’Anna Akhmatova nimbe le tout.
En quelques pages, on trouve assemblés quelques éléments d’une ville saisie par un littéraire invité qui, en l'occurence fait ce que font tous les littéraires invités, dans tous les pays du monde. (Incise in petto, à l’instar de Didier Blonde dans ses Cafés récents parus au Mercure de France, Matthieussent appartient à cette catégorie d’écrivains d’âge mûr, probablement hétérosexuels, pour lesquels le spectacle humain que leur offre le monde est essentiellement composé de jeunes femmes, belles plutôt, éventuellement plongées en lectures. C’est du moins les figures qu’ils choisissent de souligner. On n’en déduira pas que la ville de Pierre est dépourvue de mâles ou de femmes d’âges variées.)
Tout à côté de l’’extraordinaire ''En passant par la Russie'’ du russophone Denis Lavant (Séguier-Archambaud, 2009), nous rangeons l’opus.



Brice Matthieussent Les Jours noirs. Nous nous retrouverons à Saint-Pétersbourg. — Paris, Arléa, « La Rencontre », 83 pages, 16 €



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