En marge de Cachées par la forêt : Zénaïde Hippius

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>- Qu'est-ce que c'est, petite tante ? interroge Machka. On dirait des ossements...

Ce sont des crânes, ma chère, ce sont des crânes... Notre cimetière est comme ça, qu'y faire ! On ne peut pas creuser profondément, tu comprends, à cause de l'eau qui se trouve en-dessous... On creuse peu profondément, alors la pluie vient au printemps, et démolit les plus vieilles tombes. Notre cimetière est vieux, vieux, que c'en est un malheur !
Elle se penche, soulève une infime coupe ronde, si propre, si blanche sous la caresse du soleil. - Tiens, voilà un petit crâne, tout lavé... un petit enfant, lui aussi, bien sûr... Il y a beaucoup de ceux-là ici. L'été passé, une demoiselle, une châtelaine, en vit un et le prit : - Je l'emporte, qu'elle dit,, je le poserai chez moi sur la table à écrire. Et puis elle a changé d'avis, elle l'a rapporté. - Non, qu'elle dit, il n'aurait point de repose chez moi, il m'apparaîtrait dans mes rêves. Il vaut mieux le rendre à la terre, le recouvrir de terre. - Alors, elle l'enterra. C'est comme ça ! Quoi faire !



Zénaïde Hippius Le Pantin du diable, traduit du russe et préfacé par Paul de Chèvremont. - Paris, Bossard, 1923.

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