Mode, luxe et bouts de tissus

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Deux ouvrages concurrents paraissent qui se préoccupent de la mode vue par la littérature. Nous allons en reparler. Pour l'heure, voici déjà ce qaue nous disait ce pré-marxiste de Fougeret de Montbron... :

« Le luxe est la grangrène de tout corps politique. Elle fait d’abord des progrès imperceptibles, et on en la sent vivement que quand elle a gagné les parties nobles et qu’il n’y a plus de remède. Quelqu’un, je crois, l’a dit avant moi : n’importe, les vérités utiles ne sauraient être trop répétées ; et quelque médiocres qu’en soient les fruits, le peu de bien qu’elles produisent est toujours un bien. Que l’on vante tant qu’on voudra nos manufatures, nos ouvrages de goût et d’agrément, et toutes les superfluités par lesquelles notre nation se distingue entre les autres, je soutiens que toutes ces choses osnt plus nuisibles qu’avantageuses au royaume. La raison de cela, c’est que nous en consommons beaucoup trop et qu’en bonne politique elles ne devraient être destinées qu’à l’exportation. Mais comme les étrangers pourraient bien ne pas se soucier de nos modes, si nous ne prêchions d’exemple, nous imitons les charlatans qui s’empoisonnent pour avoir occasion de débiter leurs drogues.
La France serait perdue il y a longtemps si l’esprit de bagatelles et de sottises dont nous sommes possédés n’eût gagné chez nos voisins et ne les eût rendus presque aussi fous que nous."

Dans son édition Raymond Trousson, rappelait en appoint ce fragment du Discours sur l’origine de l’inégalité de Rousseau (1755) qui nous parle de notre propre société créatrices d’esclaves salariés occupés à des tâches bien secondaires : « A mesure que l'industrie et les arts s’étendent et fleurissent, le cultivateur méprisé, chargé d’impôts nécessaires à l’entretien du luxe, et condamné à passer sa vie entre le travail et la faim, abandonne ses champs pour aller chercher chas les villes le ain qu’il y devrait porter. Plus les capitales frappent d’admiration les yeux stupides du peuple, plus il faudra gémir de voir les campagnes abandonnées, les terres en friche, et les grands chemins inondés de malheureux citoyens devenus mendiants ou voleurs, et destinés à finir un jour leur carrière sur la roue ou sur un fumier."(La Capitale des Gaules)



A suivre : Martin Boyer-Weinmann et Denis Reynaud Vestiaire de la littérature. Cent petites confections. - Seyssel, Champ Vallon, 368 pages, 24 €

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