Elle a osé l'écoféminisme

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En fait-on encore de pareilles ? Françoise d’Eaubonne paraît être du XXe siècle remuant comme on ne pourra sans doute jamais être du XXIe, siècle qui paraît tout aplati, flasque même, tout pourri d’idées surjouées ou surfaites. D’Eaubonne arrivait, elle, comme un éléphant dans un jeu de quilles avec toutes sortes de concepts nouveaux et d’idées qu’on ne manquera pas de trouver fortes.
Un vade-meccum précieux vient de paraître dans la collection des "Précurseurs de la décroissance" chez Le Passager clandestin à son sujet. Il est signé Caroline Goldblum. La collection est à recommander dans sa globalité : ces livres sont les "Que sais-je" des préoccupations des (jeunes) consciences qui ne voudraient pas se retrouver à croire au nucléaire et autres billevisées de nos élites lamentables. Pensez, on va de Bernard Charbonneau à Jacques Ellue en passant par Murray Bookchin, Simone Weil ou Léon Tolstoï.
Françoise d’Eaubonne, qu’on s’en souvienne, c’est la créatrice des concepts de « phallocratie » et d’« écoféminisme », une véritable libertaire qui peignait des slogans féministes sur son école religieuse dès l’âge d'onze ans, interrompait plus tard les colloques de psychiatrie lorsqu’ils prétendaient pathologiser l'homosexualité, les conférences contre l’avortement (avec un saucisson !), militait contre la peine de mort, contre les prisons, bref, une conscience pure, une activiste polymorphe dont on aurait tout à réapprendre.
Jusqu’à l’audace... Au micro de Jacques Chancel, en 1977, elle dira « Je suis évidemment pour le terrorisme » après l’attentat à l’explosif contre la centrale de Fessenheim auquel elle avait participé...
Née en 1920, elle aura figuré parmi les résistantes progressistes. Résistante aux nazis, progressistes en toute chose qui pouvait sauver celles et ceux que le système oppressait : les femmes et les homosexuels en particulier. Elle fonda le Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et créa au sein du MLF une section « Ecologie et féminisme », établissant un lien théorique entre oppression phallocrate des femmes et destruction capitaliste de la terre, sujet de son essai resté fameux : Ecologie et Féminisme (rééd. 2018). Parmi ses livres, il y eut aussi Le Féminisme et la mort, des romans souvent primés, et des biographies. Bref, une vie de femme de lettres plutôt très remplie vouée à l'autogestion - terme qui ne fait plus rire quiconque aujourd’hui - et la pose comme une précurseuse de premier plan.
Vous avez commencé votre liste de cadeaux de Noël ? Notez-y ce livre-ci.


Caroline Goldblum Françoise d’Eaubonne et l’écoféminisme. - Le Passager clandestin, 123 pages, 10 €

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