Adamov au bout

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Rapide vade-mecum biographique du dramaturge russo-arménien Adamian dit Arthur Adamov (1908-1970) par Gilles Ortlieb qui nous replonge dans les années où le théâtre régnait en maître. On allait voir Beckett, Audiberti, Ionesco, Brecht, Schehadé, Artaud, Genet et tant d'autres. Et parmi ceux-ci, Adamov dépassait de plusieurs têtes. Ortlieb retrace son parcours - qui passe curieusement par la Slovénie et même par les poches d'Oscar de Lubicz-Milocz - et agrège à sa notice détaillée les témoignages de Pierre Minet qui nous parle de leur goût commun pour le quartier des Halles et de la "grosse écriture buissonneuse" d'Adamov, ce traducteur de Jung et de Rilke. Témoignages en outre de Laurent Terzieff et de Jacqueline Autrusseau, dernière compagne du dramaturge, avec, in fine, un poème d'Henri Thomas au dit.

Une curieuse quatrième de couverture extraite d'un fragment d'Adamov (un écrit que nous ne sommes pas parvenu à sourcer ; son journal sans doute) laisse penser qu'il considérait qu'existaient "deux espèces d'hommes irréductibles l'une à l'autre, ceux qui sont bien dans leur peau et ceux qui s'y sentent mal", sachant, si on le suit bien, que ceux qui sont mal dans leur peau se retrouvent en état de considérer que "toute pensée est douloureuse". Voilà que nimbe le monde ce que l'on pourrait (éhontément) qualifier de poussière sulpicienne. Mais les citations sont ce quelles sont, extraites de leur contexte. Si les êtres qui se sentent bien dans leur peau sont aveugles aux souffrances qui les entourent, nous voilà prévenus : ça va être l'enfer. Pardon : puisque c'est déjà l'enfer sur terre, ça va être grave... Aujourd'hui comme hier, la métaphysique douloureuse régnait et Adamov était son prophète. L'un de ses prophètes car le théâtre des années d'après-guerre avait souvent cet air de prophétiser après les tourmentes majuscules (entre Isaac Babel et Malaparte en quelque sorte). Le théâtre occidental avait alors cela de commun avec le roman noir américain.

Retour sur un destin marqué. Étape suivante : aller voir l'oeuvre.



Gilles Ortlieb Arthur Adamov un dénouement. - Paris, Fario, 58 pages, 13,50 €

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