Portrait de Maurevert

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Georges Maurevert

Dans les traits énergiques, aux angles durs, de la figure complètement rasée, fleurit la douceur des yeux bleus. On me dit que M. Maurevert est sportsman et j'admets que cela se voit dans le dégagement de son allure, dans la netteté de ses gestes. Mais, idéologue et poète aussi, fureteur de bibliothèque et passionné d'érudition, qui le niera ?
Cela fait donc un assez étrange amalgame, si je puis m'exprimer ainsi, et les médecins des voies littéraires déclareraient probablement, sans barguigner, que nous sommes en présence d'une nature plutôt complexe. Le patient d'aujourd'hui nous joue le mauvais tour de vivre à Nice — le veinard ! — et force nous est donc, ne pouvant lui tâter le pouls ou prendre sa température, de nous en référer pour un diagnostic (consciencieux) ses productions habituelles.
Chroniqueur, conteur, romancier, l'auteur de La Bague de Plomb, de La Plus Belle Fille dit Monde « est un maître trop peu connu », a écrit récemment M. Gaston de Pawlowski.
Le Livre des Plagiats fut, l'an dernier, une manière de scandale littéraire, et voici que Fisc et Blason, premier tome d'une série sur le paradoxe de la noblesse moderne, déchiquette les parchemins les plus résistants.
Un personnage de Mirbeau, qui rejetait l'un après l'autre avec dégoût tous les cigares qu'il allumait, finissait par prétendre que la vie elle-même est « infumable ». Je viens d'aller au bout des œuvres de M. Georges Maurevert et je déclare que cet auteur est inclassable. Tant pis pour lui, peut-être, car on aime à étiqueter la plupart des placées littéraires mais, en tous cas, tant mieux pour nous car nous éprouvons à le lire un plaisir qui se renouvelle avec chaque livre : le plaisir de la découverte.
Du journaliste au romancier, en passant par l'érudit et le polémiste, nous, Thomas Diafoirus de la Critique, déclarons nous trouver devant un des cas les plus rares et les plus curieux qu'il nous ait été donné d'observer au cours d'un long exercice clinique, pot à colle et ciseaux en mains. M. Maurevert se présente comme un esprit original, qui ne s'est pas spécialisé, sauf à mettre de l'art dans tout ce qu'il fait, fût-ce un reportage ou une chronique.
En foi de quoi lui ordonnons de continuer un traitement qui lui a si bien réussi et signons :
Gabriel Reuillard


Paris-Soir, 3 mai 1924

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