Chez nous

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Mille bonnes choses nous occupent ces temps, depuis le coloriage et le barbouillage, jusqu’au rangement et à la lecture continue. Un peu de ménage aussi.
C’est un moment rare dans une existence (pour ceux qui ont la chance de n’être pas réquisitionnés). Certains n’en ont jamais connu durant leur vie...
Tandis que les piles de « livres à lire », souvent cocasses, inconfortables car instables et peu « design », commencent à refluer dans des « cartons d’après lecture » il n’en reste pas moins que des « nouveautés » se signalent et battent des pages pour être saisies. Certaines de ces impressions fraîches deviendront des livres solides, d’autres de bons livres. Certaines atteindront même à ce statut enviable (mais pour qui ?) de livre à ranger dans la bibliothèque afin d'être conservé pieusement.
Il se trouve que plusieurs ouvrage de ce dernier type nous ont rejoint sur notre île ces derniers jours. Nous en parlerons très vite. Et en attendant, nous pouvons vous annoncer d’imminents billets sur des revues, sur des romans, sur une biographie, et sur quelques opus que l’on n’attendait pas, notamment parce que leurs arrivées concomitantes semblent un fait exprès.
s A suivre donc, et hauts les coeurs !
En attendant, puisque vous avez eu la patience de lire ce paragraphe long, long, long (tout paraît oiseux quand on a autant de temps à perdre), voici un nouvel extrait du recueil de poèmes de Miroslav Holub, l’immunobiologiste décidément de circonstance.
Vive la vie ! VIve Miroslav !


Chez nous

Au matin, on frappa à la porte. J’ouvris. Un acarus%% de la taille d’un léopard nuageux pointait son doigt
vers la rue. Quelques podures y éventraient une lamproie.
Le chiquetage résonnait telle la lecture d’un cantique.
Sous la voiture quelque chose de noir s’agitait, des gammares
sans doute, qui poursuivaient les gamètes échappéesss.
De chez les voisins sortait le féroce macrorhine, parsemé
d’excréments de lemming. Un jambe de pangolin, encore
frétillante,
lui pendait à la gueule. Craquement de la chitine et
gémissement
du tissu collagène. Sur les fils, téléphoniques et autres, des hydres battaient l’air de leurs tentacules verdâtres
et les sucs digestifs s’écoulaient le long de l’échine des lamantins
endormis. D’en face, s’organisait la migration : bractécéros,
loboptères et gerboises munis de lampes électriques.
Certains s’accouplaient en marche, d’autres de leur langue
visaient les fenêtres et enfourchaient la masse nucléaire.
Ca giclait de partout. Avec un grondement fruste,
une rascasse mammouthienne se frottait les nageoires
et près de la mer déjà le feu se propageait ; d’entre les
flammes
apparurent les visages ahuris des egocèes et des dugongs,
albumineux et purulents, puis disparurent. Les trépangs
aboyaient.

Je fermai la porte. Qu’y a-t-il, demandèrent les miens. Rien,
dis-je, tout va bien. On entendait
une harpie respirer paisiblement sous le piano.



Bref, restez chez vous.


Miroslav Holub Programme minimal traduit et présenté par Patrick Ourednik. — Paris, Circé, 1997, « Circé/Poésie 1 », 96 pages, 40 FF (6 €)

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