Les incipits du siècle dernier (31)

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Quand je regarde ce temps-là, c’est comme si j’ouvrais un livre d’images ou mieux encore un cahier de dessins d’enfants. La maison est une grande caisse cubique, percée d’alvéoles réguliers, d’où sortent des te^tes blondasses, ébouriffées. Elle est sur montrée de tuyaux en tôle et de tire-bouchons de fumée. Les arbres sont posés sur un cercle de fer découpé et proprement arrondis comme des sapins de bergerie. On est en avril. C’est le printemps des faubourgs qui a donné tout son effort en tirant au jour un brin de chiendent entre deux pavés et en garnissant de feuilles de papier jaune les arbres du boulevard, l)-bas, devant le talus des fortifs. Un printemps raté, qui cependant faisait s’ouvrir les fenêtres, grouiller la marmaille le long des trottoirs et apparaître sur le pas des portes les femmes en cheveux qui se chauffaient à un soleil nouvellement doré. La poésie était représentée par un serin qui s’égosillait, un géranium tout rose déjà et une romance qui balançait son refrain dans une mansarde.



Salut, ici, à Gabriel Maurière, pédagogue et écrivain à la plume trempée au bon encrier. Il reçut le Prix Floréal en 1923 pour A la gloire de la terre (Paris, Ed. de la "Vraie France", 1924). Ici, les premières lignes de ‘'Peau-de-pêche‘', son grand succès scolaire utilisé dans le cadre de l’apprentissage de la lecture, montrent que nonobstant le statut classique du livre, et pédagogique donc, ses qualités littéraires n’en pâtissent certes pas. Le registre d’apprentissage de la lecture de 1929 paraîtra même très soutenu aux pédagogues d’aujourd’hui...


Gabriel Maurière (Henri Legrand) ‘'Peau-de-pêche''. — Paris, Gedalge, 1929.



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