Entre innus on se différencie par les rivières qu’on utilisait pour rejoindre le territoire de chasse. Par exemple, moi je suis Pessamiu-Innu donc mes parents rejoignaient leur territoire par la rivière Pessamiu. (...)
C’est comme cela que l’on se reconnaissait. On est tous des innus qui appartenons à telle ou telle rivière. Le territoire est grand et pour rejoindre l’animal qui va te nourrir il fallait aller loin, aussi loin que lui.
La revue ''Sarrazine’’, qui est une revue comme on les aime, intempestive et variée, donne une entretien de Paul de Brancion avec Joséphine Bacon, poète innue — à ne pas confondre avec inuit — qui écrivait sur des bouts de papier qu’elle finissait par jeter avant qu’une femme de Bretagne ne fasse un rêve : associer des poètes des deux continents.
Joséphine Bacon, qui ignorait jusqu'alors qu’elle était poète, l’est devenue par la force des choses.
Elle ne jette plus les morceaux de papier sur lesquels elle écrit ses « mots de fierté », ce qui, selon le néologisme pour « poésie » en langue innue, forgé par une connaisseuse de la langue, se dit "Kaehekau-aimuna".
Au même sommaire de Sarrazine Souytin Naud évoque dans un autre entretien les camps khmers rouges instalés dans la forêt qui redouble la sensation d’enfermement et l'exode, et l’on trouve des pages de littérature de Chantal Chawaf, Jean-Louis Vincendeau, Silvia Marzocchi, un roman-photo, des peintures de Giotto, et des vers nombreux. Pour les caribous, voyez Joséphine Bacon.
Entretien avec Joséphine Bacon, Sarrazine, n° 18, « Suis-moi », 208 pages, 16 €
Et aussi
Joséphine Bacon Un thé dans la toundra. — Montréal (Québec), Mémoire d'encrier, 2018. Recueil bilingue innu-aimun/français
Joséphine Bacon Uiesh, quelque part. — Montréal (Québec), Mémoire d'encrier, 2018.