Les incipits du siècle dernier (35)

PaulMousset1962.jpg

Cela se passait à quatre jours de marche de Baguio, la ville d'été dont le nom castillan signifie typhon, sur la route des Montagnes.
Il fallait tout l'optimisme d'un topographe ou d'un agent voyer colonial pour décorer du nom de route le sentier mal empierré ondulant à la recherche des cols d'un bout à l’autre, de la province, s'allongeant aux limites des deux végétations, la tempérée et la tropicale, ne fuyant cette dernière que pour se rapprocher des pins des altitudes moyennes. La jungle, son fouillis d'essences gigantesques, de fougères arborescentes, de lianes et de bambous, sa moiteur fétide, sa pourriture d'herbes et de plantes étouffées loin de la lumière, ses singes et ses serpents avaient poursuivi ingénieurs et ouvriers comme d'une hantise, et le tracé du chemin s'en était si bien ressenti qu'abondaient des crochets de plusieurs kilomètres là où quelques coups de hache eussent suffi à désembrouiller un raccourci.




Paul Mousset La Montagne païenne. — Paris, Grasset, 1937.



Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/4343

Haut de page