Maurice Pons 1951

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Cinq minutes avec...
Maurice Pons
Vingt-cinq ans. Un visage heureux, une voix tendre ; elle s’empare e chaque mot, le caresse, l’habite avec amour, et passe au suivant. Ainsi, Maurice Pons s’empare des jours et de la vie, les habite tendrement l’un après l’autre, passe aux suivants...
— Je suis né à Strasbourg. De quatorze à vingt ans, ce fut l’exode, l’occupation, la faim. C’était merveilleux. Puis khâgne à Louis-le-Grand, Le Paris de 1944, les classes aux carreaux cassés, les doigts éclatés, le grec, le latin, le black-out. Mais c’était grisant, on avait de vrais copains, on faisait les devoirs ensemble, on découvrait le monde.
Licence. Diplôme d’études supérieures sur « Platon et la Poésie ». En ce moment, Maurice Pons vient de subir les épreuves de «  l’agreg ». Il ne sait pas encore le résulat, mais comment douter qu’il en fera, et quel qu’il soit, le plus agréables et le meilleur usage ? Les difficultés ? Il s’en joue. Preuve ? Métrobate, ce petit livre hard.
Métrobate ? Cela fait bien Saint-Germain-des-Près, cave et surréalisme è Mais c’est un personnage de Corneille, de Nicomède exactement.
Métrobate ? C’est Olivia, sans amour et côté garçons. La retenue du style, le choix des mots et surtout de leur place, la démarche sûre des verbes sont d’un débutant mûri dans l’intimité des classiques. il fallait ce bon gouvernail pour ne pas naufrager aux éceuils de pareil sujet.
Le meilleur du livre, ce sont les étapes de ravissement d’un petit garçon sans imagination qui subit les séductions de l’insolite sans savoir qu’insolite il y a...
— Le précepteur, cet étranger débarquant soudain aux coeur d’une famille. Stendhal n’a rien dit des rapports de Julien Sorel avec ses élèves ; pourtant, il passait avec ceux-ci bon nombre d’heures.
— Tout ce que vous amis de déplaisant dans ce précepteur qui pourtant reste sympathique.
— N’est-ce pas, murmure Maurice Pons, plus doux que sucre candi, n’est-ce pas qu’il est sympathique...
Et, de la même voix en forme de petit coeur :
— Je voulais que tout soit irritant dans ce livre. J’adore irriter...
Sur quoi il m’assure des joies et des douceurs qu’il a connues au groupe des Théophiliens que Gustave Cohen forma en Sorbonne.
— C’était l’année où l’on créa Aucassin et Nicolette. J’avais le rôle d’Aucassin. C’était une vie bien agréable. On s’aimait, on se faisait du bien les uns aux autres. C’était vraiment une famille.
— Et le prochain livre ?
— Ce sera justement le récit de nos tournées en Europe ; cette vie hallucinante et poétique, dominée chaque soir par la pièce, toujours la même, dans son même décor, ses mêmes éclairages.
Le second livre — premier carrefour où voici qu’arrive ce garçon qui ne tremble pas. Chargé de tradition, nourrir de sucs, lesté de confiance —, démenti à toute sa génération bouleversée.
Dominique Arban



Maurice Pons Métrobate. — Paris, R. Julliard, 1951.
Voir aussi Maurice Pons Pourquoi pas Métrobate. L’histoire de Métrobate. — Paris, Balland, 1982, « L’Instant romanesque ».

Dpminique Arban

Le Figaro littéraire, 1951.

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