Marcel Millet 1924

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Marcel Millet

Acteur, journaliste, poète, conteur et romancier. Mais. avant tout cela un homme. S'est évadé de toutes les disciplines ; a fait craquer toutes les contraintes. A dix-sept ans. a fui le lycée de Toulon pour suivre sa troupe misérable du « Signor Pitalugue » qui jouait le « drame » sur les petites places des villages varois.
Depuis on le vit sur des scènes de Paris. Le jour que les lauriers de papiers peints furent mûrs pour son front, a fui les feux de la rampe. Copeau n'en est pas encore revenu, ni Sarment, ni Scize qui couraient avec .lui l'Amérique, dans la Compagnie du Vieux-Colombier.
A fui l'Amérique, ses succès, ses dollars. A fui Paris, dès qu'il y fut revenu. Et. il faut l'écrire, aussi, a fui la guerre tout en la faisant. N'a jamais accepté de plier à ses rigueurs sa foi amère, son amour impitoyable des hommes.
Depuis. il vit à Cannes. — Cannes, ville des riches — mais pauvrement, à deux pas de la mer, dans une petite maison rose, aux volets verts. - dont deux palmiers gardent la porte.
A déjà fait paraître dix volumes qu'il faut lire tous les dix. Recueils de poèmes, recueils de nouvelles, romans : Le Compagnon aux images, Le Cirque passionne. Le Visage démaquillé, Le Jeu des départs, La Pierre de Lune, La Lanterne chinoise, Pitalugue, et surtout La Roule, parue cet hiver chez Flammarion, roman pitoyable des comédiens en tournée, livre amer. livre désespéré, le plus beau livre de l'année.
Iriez-vous me dire qu'aucun jury n'a signalé Marcel Millet à vos suffrages ? Je vous répondrais qu'il y a des bonshommes assez grands pour faire, tout seuls, leur chemin dans la vie. Ceux-là, d'ailleurs, compliquent encore la besogne en choisissant les routes bordées de précipices. les sentiers les plus escarpés...
On les perd de vue un instant. On les croit au fond de l'abîme. On s'apprête à jeter sur eux la pelletée de terre dernière.
Et puis, un jour qu'on n'y pensait plus, en levant les yeux, on les découvre, tout seuls, au sommet, en plein azur, en plein soleil. Et l'on dit : « Tiens ce Millet ! »
Il était temps de s'en apercevoir.
Noël-Garnier

Paris-Soir, 12 août 1924

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