André Spire 1925

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André Spire
Il fut, avant la guerre, de cette trop maigre phalange de penseurs, d'écrivains, d'artistes et même d'hommes politiques croyant à la régénération sociale par l'art. Après avoir pris part à la création des Universités Populaires dont quelques-uns d'entre nous se souviennent, il fut, dans. la. rédaction de Pages Libres, le collaborateur de Charles Guyesse pour les numéros formant tracts sociaux, comme Sweating System, ou tracts politiques, comme Décorations, La Mort d'André Chénier, etc. Déjà, dans les poèmes qu'il publiait, il tentait de se libérer de la monotone contrainte des vers réguliers qui ne tiennent leur rythme, leur mouvement, que de l'extérieur. Dès 1903, il leur substituait une forme entièrement libre, rarement rimée, un vers écrit dans la langue de notre temps, pour des oreilles de notre temps, qui trouve sa cadence, sa musique, non dans la forme, mais dans le sens et suit les capricieux méandres, toujours variables, de la pensée ou de l'émotion intérieure.
C'est dans cette cadence que sont écrits : Et vous riez ? (1905), Versets (1908), Et j'ai voulu la paix (916), Le Secret (1919), Tentations (1920), Samuel (1921) et Fournisseurs (1923).
Dans la préface et deux des poèmes les plus importants de ce dernier recueil, il étudie la condition du poète dans la société moderne où pullulent les mercantis, la multitude ignorante et jouisseuse des « fournisseurs » lâchés dans leurs malsains plaisirs et leurs louches affaires. On peut juger, par ce morceau, de l'esprit et du ton. qui animent l'ensemble.
Très féru du poète anglais Israël Zangwill, sur. lequel il a publié une étudie en 1909, il essaya, vers la même époque, de réagir contre la mode qui poussait les mondains et quelques intellectuels à s'enthousiasmer « pour la brillante philosophie irrationaliste » à laquelle M. Bergson a attaché son nom. Estimant qu'il est légitime d'être bergsonien en tout, sauf en philosophie, il attaqua cette tendance aux côtés- de M. Julien Benda dans Vers les routes absurdes (1911). Sous le titre Quelques Juifs, il a réuni des essais sur Israël Zangwill, le métaphysicien autrichien Otto Weininger et l'écrivain français James Darmesteter.
Après avoir écrit Les Juifs pendant la guerre, l'étude. de la question juive et sioniste l'a poussé à fonder une ligue : Les Amis du Sionisme et une revue : La Palestine Nouvelle, qui se font les échos des désirs du peuple juif. Ajoutons qu'il fut l'un des délégués qui présentèrent, devant la Conférence de la Paix, les revendications nationales israélites.
Gabriel Reuillard



Paris-Soir, 19 décembre 1924

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