Confinement sportif et brèves de ring

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Nous venons de traverser, et avec quel bonheur, une période bénie.
Le confinement nous a octroyé la première période de silence sportif de toute notre existence, et personne ne chante ce moment merveilleux...
Durant plusieurs mois nous avons été épargnés par la pollution du bruit sportif, ce battage incessant de quelques rares sports colporté par les médias les plus misérablement creux. Une nappe sonore sans fin, dont certains esprits vides (ou snobs) prétendent faire un mets surfin. En somme c'était délicieux : pas de blabla footballistique, plus de commentaires stupides sur de rares performances d'athlètes, plus d'images redondantes d'individus bougeant leur corps sous des couches de logos variés, plus de supporters hystériques (tu souhaites t'exprimer ? officie toi-même, bouffon), plus de publicités incises, plus de discussions ineptes sur les prétendues stratégies de "clubs". Et tout cela avec l'étalage sans vergogne d'un machisme et un mépris des sports "minimes" et, en particulier de tous les handisports autrement vénérables, à vomir. On nous demanderait notre avis, on réclamerait la poursuite du confinement pour les grandes fédérations sportives dont on supporte l'outrecuidante pollution. Bref.
Dans le même temps, Frédéric Roux qui n'a cessé de s'intéresser à la boxe depuis son premier livre (réédité, lui aussi sous une magnifique couverture du peintre Didier Paquignon), sport désormais secondaire, si ce n'est désuet, voire ringard, propice à la floraison de magnifiques défaits cérébraux, consacre un livre à des anecdotes compilées de la vie des grands boxeurs anglo-saxons - Ali est grand, Ali est partout.
Cette Vie des grands boxeurs d'outre-atlantique que ne connaissent souvent que les amateurs, aurait peut-être amusé Diogène Laërce par son exotisme. On y trouve quelques scènes très drôles, souvent très visuelles, mais aussi et surtout douloureuses, à un point qu'il est difficile d'imaginer, si ce n'est pitoyables. On peine pour certains de ces gaillards, sympathiques et secoués, vraiment...

Il avait perdu toutes les reprises. Nettement. Avant le dernier round, il demande à son homme de coin : "J'en suis où ?"
- Si tu le tues au prochain, tu fait match nul.


Dans les vestiaires, après qu'il eut perdu contre Buster Mathis, Humphrey McBride (140 kilos) s'engueule avec Pat O'Grady, son manager.
Je te fis qu'il a mis un cheval K.-O...
Et ce soir un éléphant !


Après qu'il eut fait trébucher Muhammad Ali à la neuvième reprise de leur rencontre, Chuck Wepner est revenu dans son coin et il fit à son manager : "Démarre la bagnole, Al, on est riches."
-Tu ferais mieux de retourner, mec... Il s'est relevé et il a l'air en rogne, lui a répondu Braveman.


Le 17 août 1938 au Madison Square Garden, Arthur Donovan, l'arbitre du combat Lou Ambers/henry Smstrong, fait part à celui-ci de son intention d'arrêter le combat.
- Henry, le ring est couvert de sang... de votre sang ! - Je saignerai plus, je vous jure ! lui répond Amstrong.
Vainqueur aux points, trois rounds plus tard.


Rattachant sa compilation au fait divers par le biais d'une provocatrice dédicace à Fénéon, Frédéric Roux profite de ce que l'anecdote niche partout une forme d'esprit ou d'à-propos, même dans les gants de boxe. On n'attend plus que la version tirée des vies de boxeurs de l'Hexagone (dont regorge la presse depuis plus d'un siècle) pour constater si, oui ou non, l'esprit nimbe aussi les rings de la francophonie.



Frédéric Roux Comptés debout. Couverture illustrée par Didier Paquignon. - Talence, L'Arbre vengeur, 100 pages, 9,50 €
Et, parallèlement, un roman réédité Lève ton gauche ! Couverture illustrée par Didier Paquignon. - Talence, L'Arbre vengeur, 264 pages 13 €

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